samedi 1 mai 2021

Dans la cité des Anges : roman

 


Le tableau ci-dessus est une représentation du cadre quelque peu mélodramatique où se déroulent les événements non moins mélodramatiques du premier chapitre de mon roman Dans la cité des Anges. Si c’était un hommage en forme de pastiche, je dirais que c’est mon Turner, ou mon Friedrich peut-être, toutes proportions gardées (je ne suis qu’un petit illustrateur devant s’accommoder de petits talents). Pour une raison inexplicable, il n’a pas été retenu pour la couverture du livre, bien qu’il aurait fait à mon avis une bien jolie couverture. Les raisons des éditeurs sont impénétrables. Peut-être a-t-il été estimé en ces hauts lieux que cela ne faisait pas assez science-fiction.

Dans la cité des Anges appartient en effet, très incontestablement, au genre de la science-fiction. Très précisément, un éditeur fou, espèce rare, pourrait s’amuser à le définir comme un thriller ou un roman policier de science-fiction métaphysique. Il se déroule en tout cas dans un avenir très très lointain (le deuxième “très” n’est pas en trop, loin de là). En fait, nous sommes cette fois tout près de la fin des temps. Au moins pour nous, les Hommes. Notre vieux soleil, toujours présent à l’extrême gauche en haut, est devenu une géante rouge et n’a plus de carburant que pour quelques centaines de millions d’années (une paille comparée à la durée de l’univers mais une quasi éternité comparée aux quelques dizaines de milliers d’années que nous avons passées sur ce globe magique). Cette métamorphose a été, bien sûr, anticipée par nos glorieux descendants, qui ont, pour une part au moins, décidé d’émigrer du côté de Jupiter. Oh, bien sûr, à cette époque fort fort lointaine, comme dirait l’autre, Jupiter ne s’appelle plus Jupiter et la Terre n’est plus la Terre. D’ailleurs, on ne parle plus de Terriens mais d’Anges, d’où la majuscule. Enfin disons que l’on suppose charitablement que ces Anges sont nos glorieux descendants… quelque peu changés… améliorés ?… hum, ça reste à voir.

Jupiter porte le nom de Phædra et ne se présente plus sous la forme d’une géante gazeuse. L’accident cosmique, qui a brûlé notre planète, a eu de bien meilleurs effets sur la planète géante. Le soudain puissant rayonnement du soleil a soufflé une bonne grosse couche de l’enveloppe gazeuse, et transformé une autre couche en océan d’une profondeur abyssale. Dyardyn, le vieux despote qui règne sur la société des Anges, a eu alors l’idée nemrodienne de construire une tour inimaginable, de nos jours, prenant ses fondations dans le socle rocheux de la planète une centaine de kilomètres sous la surface et dépassant celle-ci d’encore quelques kilomètres, ce qu’il faut pour que la partie sommitale soit habitable pour des Anges. En effet, la pression à la surface, due à l’atmosphère encore terriblement épaisse de la planète est beaucoup trop forte pour leurs poumons. Comme cette tour cyclopéenne est au milieu de l’océan (forcément : toute la surface de Phædra est submergée), on l’appelle le phare de Dyardyn. Mais ce n’en est pas un. Il n’y a aucun bateau sur cet océan et aucun port non plus. Cela serait impossible tant les vagues sont monstrueuses et les courants déchaînés, aiguisés sans cesse par les vents surpuissants qui balayent la surface. Si vous regardez bien la peinture, vous discernerez deux icebergs à gauche, les premiers icebergs de glace d’eau à apparaître sur cette mer nouvelle, ce qui laisse penser qu’on est près d’un pôle. Et si vous avez des yeux très perçants, vraiment très perçants, peut-être même devinerez-vous les sombres silhouettes des nouveaux Léviathans habitant cette mer. En effet, l’océan d’hydrocarbures, sous le feu toujours plus intense du soleil grandissant, s’évapore, laissant place à un océan d’eau, probablement douce, bien que je ne puisse le certifier, n’ayant pas testé sur place, et donc nettement plus hospitalier. La très mince couche d’hydrocarbures restante, jointe aux rayons rougeâtres de l’astre agonisant, crée d’ailleurs de très jolis reflets à la surface de la mer.

Comme souvent, mon illustration n’est pas la transcription littérale du livre. À quoi bon : le lecteur sait lire. La scène représentée ne figure donc pas telle quelle dans le livre mais plutôt en off. Je dirais qu’elle se situe immédiatement après le premier chapitre et avant le second, quand l’événement incroyable a déjà eu lieu et que tous les vautours habituels se sont mis à tourner autour de ce lieu solitaire : police, justice, médias et vilains curieux. L’événement impensable en question est en effet l’assassinat d’un Ange dans cette tour.

Bon, il est juste d’ajouter que les Anges sont rendus quasi immortels de par leur capacité à projeter leur mémoire, qu’ils appellent âme, dans le nouveau clone qui l’attend dans la sphère du Réveil, une des sept sphères orbitant autour de Phædra, et que donc cette mort sera très provisoire. Mais alors, pourquoi assassiner un Ange ? C’est la principale question que va tâcher de résoudre Azadyn, l’Ange Assassiné, car tel est son nouveau nom, un nom durement mérité.

Et comme vous l’avez deviné, j’en suis sûr, la réponse ne va pas être agréable.

Après tout, c’est un thriller métaphysique : on n’est pas là pour rire.


Le roman est (ou sera) disponible ici.