samedi 23 décembre 2017

Scènes d'amour

   



Il me semble que la scène se passe dans un hôtel, un hôtel chic, une suite avec salon, jacuzzi immense et mini bar bien rempli, dans les derniers étages d’un gratte-ciel new-yorkais ou autre, à moins que ce ne soit un hôtel particulier. Mais il est probable que je me trompe complètement, que mon imagination me joue des tours. Cette scène ou plutôt ce plan, je ne l’ai pas inventé : il sort d’un film célèbre en son temps et, je suppose, toujours apprécié aujourd’hui. Je n’ai changé que quelques détails sans importance pour l’esprit de la scène. Peut-être avez-vous reconnu les deux acteurs, très célèbres eux aussi. Franchement, je ne crois pas que la ressemblance saute aux yeux et ce n’était vraiment pas mon mobile premier en réalisant cette peinture. L’homme en particulier a été un peu affiné et rajeuni. Comme vous aimez les devinettes, je ne vous donnerai pas le titre du film mais je vous laisse tout de même un indice : l’actrice, pourtant très belle, douée et fameuse, n’a tourné dans sa carrière que deux films mémorables dont celui-ci est le premier.
Il y a trois aspects dans ce plan qui me séduisent en tant qu’artiste ou en tant qu’homme (je vous ai dit que j’adoptais résolument le point de vue masculin).

D’abord, je trouve l’attitude des deux acteurs très justes. La femme, on le sent, est de la famille des grandes prédatrices. Elle semble quasi se jeter au cou de l’homme qui a un imperceptible mouvement de recul devant cette tigresse en chaleur mais en même temps ne peut s’empêcher d’avancer une main vers l’un des seins offerts, si joliment ronds, soyeux et généreux (tout le contraire de sa propriétaire). En même temps, son désir ne semble pas feint et son abandon paraît (momentanément) sincère. La passion, même si elle ne doit durer qu’une heure ou une nuit, est réelle. Après, comme la mante, elle pourra le dévorer...


   Ceci est un extrait du livre "Scènes d'amour" disponible ici et surtout .

dimanche 3 décembre 2017

Nu Exigé


Imaginez une planète, lointaine forcément, où les colons auraient établi une société de naturistes. Bizarre et peut-être impossible, pensera-t-on. Cette très curieuse norme a au moins trois causes principales. La première et la plus indispensable est le climat. Le continent sur lequel vivent tous les colons Terriens bénéficie en effet d’un climat tropical. J’ajoute, cerise sur le gâteau, que les moustiques ou leurs semblables exogènes y sont inconnus. La seconde est un faible rayonnement du soleil étranger dans les ultraviolets, ce qui évite cancers de la peau et sans doute pas mal de coups de soleil sur des parties sensibles. La troisième est l'horreur de la guerre et de la violence cultivée par la colonie suite à des guerres civiles sanglantes et barbares. En effet, il devient très difficile de transporter des armes et des bombes en particulier quand vous devez vous déplacer dans l'habit d’Ève ou d’Adam. Enfin — mais il s’agit plus là d'une conséquence que d’une cause — cette nudité publique permanente (sauf dérogation médicale) conduit à une désacralisation des parties (autrefois) intimes, supprime le tabou antédiluvien et réduit considérablement, semble-t-il, l’atavisme sexuel masculin. Ainsi le viol et le meurtre sont devenus presque choses du passé.
Les guerres dont j’ai parlé ont conduit à un net déséquilibre démographique de la société en faveur des femmes. Très logiquement, puisque le régime est démocratique, celles-ci ont pris le pouvoir, sinon de nom au moins de fait. Les familles sont polygames de préférence — ce qui n'est sans doute pas pour déplaire aux hommes survivants — permettant à chacune de trouver un compagnon, ou disons un géniteur potentiel. Cette caractéristique n’est d'ailleurs probablement pas pour rien dans la disparition des agressions de type sexuel.
Hélas, dans ce monde presque idyllique, un grain de sable vient soudain enrayer la machine. C'est que les utopies des uns sont les dystopies des autres. Après une ou deux décennies de bonheur quasi parfait, voici qu’un meurtre puis deux, puis trois secouent la société. Et à chaque fois, ce sont des femmes, jeunes ou moins jeunes, belles ou moins belles, violées, torturées, découpées en tellement de morceaux qu’il faut toute la science de la technologie moderne pour reconstituer les corps. Qui est le meurtrier ? Ou peut-être devrait-on dire qui sont-ils? Car il semble que la méthodologie des meurtres et le profil des meurtriers soient parfois très différents. Et comment peut-on assassiner des gens en pleine rue avec un couteau ou un lacet quand tout le monde est nu ? Serait-ce des robots, omniprésents dans cette société, qui eux ne sont pas soumis à la loi sur la nudité, qui auraient eu un sérieux bug et seraient devenus des assassins, à moins qu’ils n’aient été télécommandés par le véritable instigateur ? Ou serait-ce plutôt les indigènes, ces paisibles créatures vaguement anthropomorphes, complètement demeurées et incapables de parler, pour la même raison invoquée plus haut ? Ou encore des terroristes "réactionnaires" désireux de prouver que la société du naturisme volontaire et obligatoire est une malédiction ?...

La novella Nu Exigé est incluse dans le livre : Colonies Extérieures.