samedi 1 juillet 2023

Promenade d'un Américain en Russie

Pour une fois, je vous propose plutôt qu'un article une vidéo de Youtube -- mais qui peut aussi être trouvée sur d'autres plate-formes comme Rumble, du moins si vous n'habitez pas la France puisqu'ici Rumble a cessé d'émettre grâce à cette liberté et cette démocratie appliquées à grands coups de gourdins et décrets impériaux -- décrivant la promenade d'un couple à travers une ville de Russie (je ne vous donnerais pas son nom; elle ne vous dirait rien sauf si vous êtes russophile (hypothèse improbable) ou habitant de la Russie à quelque époque (encore plus improbable)). Disons seulement que ce n'est ni Moscou ni Piter (comme disent les Russes). J'ai choisi cette vidéo parce qu'elle est bien faite, parce qu'elle donne une vision très différente d'une ville russe "normale" de ce qu'en donne la propagande infatigable qui règne sur à peu près toutes les ondes tricolores (sauf peut-être France Afrique TV et TV5 Monde  ou alors avec plus de prudence : cela ne passerait pas bien du tout du côté des anciennes colonies) et bien entendu la quasi totalité des journaux et revues imprimés dans ce pays, et enfin parce que l'auteur est un Américain expatrié, pas un touriste donc mais pas non plus un exilé politique comme on peut en trouver (puisqu'aujourd'hui ce dernier type de flux va surtout dans le sens inverse de l'époque soviétique). J'ajoute que sa femme est russe et qu'il semble parler au moins un peu la langue locale si j'en juge par la façon qu'il a de prononcer le nom de la ville en question (inimaginable pour un non russophone). N'attendez pas de grandes choses de ce court reportage d'un quart d'heure, pas de profondes idées sur la situation militaro-industrialo-stratégique actuelle, pas de réflexion à visée globalisante, bref pas de philosophie. Mais vous pourrez y trouver comme moi un bol d'air frais et le plaisir d'une ballade champêtre par procuration (bien que la ville en question, notez-le, soit tout de même de la taille de Marseille) en compagnie d'un couple sympathique. Joseph, l'auteur américain du film, explique au début sa décision d'aller dans une ville russe prise au hasard parmi celles où ni lui ni sa femme n'a jamais mis un pied précédemment et ses raisons pour ce faire. Je les crois véritables bien sûr mais il est possible qu'il en ait oublié une : il me semble en effet que cette ville a vu passer très récemment l'expédition punitive Prigojin avant que celle-ci ne soit réexpédiée illico presto en Biélorussie avec son commandant en chef pour rire. En tout cas, aucune allusion plus précise aux derniers événements ni d'ailleurs à aucun autre ayant trait à la guerre ou à la politique générale actuelle des deux blocs (je ne vise ici évidemment pas le "bloc" ukrainien). Comme je le disais, ce petit reportage est plein de fraîcheur et de charme dans sa simplicité. Les commentaires du couple sont utiles, informatifs, pertinents et parfois humoristiques. Par exemple, quand Sveta s'émerveille de trouver des poubelles pour le tri, il ne faut pas le prendre au premier degré. Vous pourrez aussi sentir comme moi à travers elle la fierté d'un peuple (d'une très grande majorité des Russes). Mais peut-être n'en comprendrez vous pas la raison. Alors je vais vous la dire : c'est que les Russes savent d'où ils viennent, savent ce qu'ils ont traversé (ou leurs parents) pas seulement  l'enfer bureaucratique des soviets, mais pire encore, ce chaos angoissant qui a suivi immédiatement l'effondrement de l'URSS où régnait la loi des oligarques pilleurs et dont Prigojin le Bandit (très littéralement), est un parfait résidu (probablement un des derniers à sévir par bonheur). Et ils savent où ils vont, contrairement à nous, Européens. Je n'ai jamais eu d'attirance pour les diverses formes de nationalismes, on pourrait difficilement me qualifier de patriote à moins de vouloir faire rire, mais je peux comprendre que ce nationalisme-là, sans les aspects négatifs,  vaut nettement mieux que l'espèce de cloaque idéologique européen.

Le seul défaut de la vidéo à mes yeux est la petite annonce qui défile en bas de l'image toutes les minutes, afin de promouvoir d'autres vidéos de l'auteur, mais je veux bien croire que Joseph Rose produit aussi ces films pour gagner son pain quotidien (en Russie, il faut vraiment le gagner) et pas uniquement pour la gloire. Un autre défaut évident pour les non anglophones est la langue parlée mais vous pouvez utiliser la traduction automatique offerte par Youtube en cliquant sur la molette des paramètres, traduction dont la fidélité est certes très aléatoire mais possiblement mieux que rien pour les nuls en anglais: désolé pour ces derniers mais je n'ai pour l'heure rien trouvé en français dans ce genre qui me donne envie de le reposter sur ce blog.

L'adresse au cas où la vidéo ne marcherait pas ou plus : https://youtu.be/-4NVWwsSWwQ

Le nom de la chaîne youtube de Joseph Rose est EXPAT American




Je vous propose une autre balade guidée pleine de fraîcheur russe à travers ma galerie personnelle du plus grand peintre paysagiste de ma connaissance, ici.