dimanche 29 janvier 2023

Guerre russo-ukrainienne : la grande pompe sanglante

 

Fer, cendre et sang

Cet article est une traduction de la première partie de l'essai de Big Serge que vous pouvez trouver en intégralité et en anglais ici sur Substack. Big Serge, qui a pris son pseudo d'après Sergueï Witte, homme politique russe de la fin de l'époque tsariste, est un historien militaire, très probablement ancien militaire lui-même à en juger par la précision de ses connaissances dans les détails fins comme dans l'image d'ensemble (The Big Picture). Mes connaissances dans les choses de la guerre étant réduites au minimum, c'est-à-dire un an de service militaire, j'ai jusqu'ici évité volontairement de discuter des aspects tactiques et opérationnels de la guerre en cours, me contentant d'observer les événements d'une vue d'aigle, adoptant un point de vue disons philosophique, ce qui est permis à tous. Mais j'avais depuis un moment remarqué la qualité particulière des analyses de Big Serge, d'habitude concernant d'anciennes batailles célèbres, aussi quand il s'est décidé à prendre pour sujet la guerre en Ukraine, j'ai sauté sur l'occasion d'en faire une traduction. Les articles de Big Serge sont de véritables essais, d'une simplicité et d'une clarté qui sont les marques les plus sûres de la compétence, de l'intelligence et du talent. Le pseudo choisi par l'auteur indique sans ambiguïté son biais pro-russe dans l'affaire qui nous occupe; il ne se montre cependant réellement que lorsque Serge, auteur prudent et mesuré s'il en est, se "risque" à quelques prédictions sur la suite des opérations.  Je n'ai pas inclus la dernière partie de l'essai, moins centrale à mes yeux, mais vous pouvez la découvrir en allant à l'original. La quasi totalité des liens inclus dans le texte, documentant les affirmations de l'auteur, sont issus d'organes médiatiques occidentales, donc peu suspectes de russophilie et généralement férocement russophobes. Tous les croquis sont de Big Serge et les photographies égayant, si on ose dire, le texte qui suit sont tirées de son essai.

Le titre est lui aussi de Big serge mais naturellement la guerre dont il parle n'est pas ou plus contre l'Ukraine. Il est évident que la guerre oppose la Russie aux USA, tous les autres acteurs n'étant que des complices -- du genre vautour ou imbécile utile -- du plus grand Destructeur de Nations qu'on a vu à ce jour sur cette planète.


Graduellement puis soudainement

Depuis la décision surprise de se retirer volontairement de la rive gauche de Kherson durant la première semaine de novembre, il y a eu peu de changements spectaculaires dans la ligne de front en Ukraine. Cela reflète en partie la météo de fin d'automne prévisible de l'Europe de l'Est, qui laisse le champ de bataille imbibé d'eau, plein de boue, entravant grandement la mobilité. Depuis quatre cents ans, novembre a été un mauvais mois pour essayer de déplacer des armées sur n'importe quelle distance significative, et donc, réglées comme sur une horloge, nous avons commencé à observer des vidéos de véhicules militaires coincés dans la boue en Ukraine.

Le retour d'une guerre de position statique, cependant, reflète aussi l'effet de synergie d'un harassement ukrainien en hausse de même qu'une volonté russe de diminuer patiemment et d'extirper ce qui reste de capacité de combat chez les Ukrainiens. Ils ont trouvé un lieu idéal pour achever cette mission dans le Donbass.

Il est devenu progressivement apparent que la Russie est engagée dans une guerre de position et d'attrition, puisqu'elle maximalise l'assymétrie avantageuse due à leur plus grande portée de feu. Il y a une dégradation en cours de la capacité de l'Ukraine à faire la guerre ce qui permet à la Russie de garder patiemment le tempo actuel, tandis qu'elle organise ses forces nouvellement mobilisées pour une action offensive dans l'année en cours, préparant la scène pour des pertes ukrainiennes toujours plus importantes et insoutenables.

Dans le roman d'Hemingway, Le soleil se lève aussi, à un personnage autrefois riche et maintenant en manque de chance est posée la question de savoir comment il a fait faillite. "Deux façons" répond-il, "graduellement puis soudainement". Un jour, nous pourrions demander comment l'Ukraine a perdu la guerre et recevoir à peu près la même réponse.

Verdun Redux

On peut dire sans risque que les médias du pouvoir occidentaux ont établi un standard très bas dans leur reportage de la guerre en Ukraine, étant donné l'ampleur de la déconnexion du récit mainstream avec la réalité. Même selon ces standards, la façon dont la bataille de Bakhmut est présentée à la population est vraiment ridicule. Le front de Bakhmut est transformé pour le public occidental en une synthèse parfaite de tous les lieux communs de l'échec russe : en bref, la Russie est en train de subir de terribles pertes pour la capture d'une petite bourgade d'une importance opérationnelle négligeable. Les Officiels britanniques en particulier se sont répandus ces dernières semaines insistant que Bakhmut n'a que peu de valeur opérationnelle.

La vérité est juste à l'opposé de cette histoire : Bakhmut est une position opérationnelle clé critique pour la défense ukrainienne, et la Russie l'a transformée en piège mortel qui oblige les Ukrainiens à sacrifier un nombre exorbitant d'hommes dans le but de tenir la position aussi longtemps que possible. En fait, l'insistance à prétendre que Bakhmut n'est pas opérationnellement significative est légèrement insultant pour le public, à la fois parce qu'un rapide coup d'oeil sur une carte montre clairement qu'elle est au coeur du réseau routier régionnal, et parce que l'Ukraine a lancé une quantité énorme d'unités sur le front à cet endroit.

Prenons un peu de recul et considérons Bakhmut dans le contexte de la position générale de l'armée ukrainienne à l'Est. L'Ukraine a commencé la guerre avec quatre lignes défensives opérationnelles dans le Donbass, construites durant les huit dernières années comme éléments de la guerre couvant entre elle et les Républiques de Luhansk et Donetsk, mais aussi en préparation d'une guerre potentielle avec la Russie. Ces lignes sont stucturées autour d'agglomérations urbaines avec des liaisons routières et ferroviaires entre chacune, et peuvent être grossièrement marquées comme ce qui suit:

Ligne défensive ukrainienne à l'est (carte de Big Serge)

Le Donbass est un endroit particulièrement accomodant pour bâtir de formidables défenses. La région est hautement urbanisée et industrielle (Donetsk était la région la plus urbaine d'Ukraine avant 2014, avec plus de 90 % de la population vivant dans des aires urbaines), avec des villes et bourgs dominés par de robustes immeubles typiques de l'ère soviétique, de même que de nombreux complexes industriels. L'Ukraine a passé l'essentiel de la dernière décennie à améliorer ces positions et les villages de la ligne de front sont sillonnés de tranchées et de postes de tir qui sont clairement visibles sur l'imagerie satellite. Une vidéo récente de l'axe d'Avdiivka démontre l'importance des fortifications ukrainiennes.
Aussi, passons en revue l'état de ces ceintures défensives. La première ceinture, qui va approximativement de Severodonetsk et Lysychansk jusqu'à Popasna, a été enfoncée durant l'été par les forces russes. La Russie a accompli une percée majeure à Popasna et a été ainsi capable de commencer la prise complète de cette ligne, avec Lysychansk tombant en début juillet.
A ce moment, la ligne de front repose directement sur ce que j'ai appelé les deuxième et troisième ceintures défensives ukrainiennes, et deux de ces ceintures subissent maintenant de grosses hémorragies.
La capture de Soledar par les forces Wagner ont coupé les communications entre Bakhmut et Siversk, tandis qu'autour de Donetsk, la banlieue lourdement fortifiée de Marinka a été presque complètement vidée de troupes ukrainiennes, et la tristement fameuse position d'Avdiivka (l'endroit depuis lequel les Ukrainiens bombardent la population civile de Donetsk) est entourée depuis deux directions.

La ligne de front près d'Avdiivka (avec la permission de Military Land)


Il est absolument critique pour l'Ukraine de tenir ces positions. La perte de Bakhmut signifierait l'effondrement de la dernière ligne défensive sur la route de Slavyansk et Kramatorsk, ce qui veut dire que la position orientale de l'Ukraine se replierait rapidement vers sa quatrième (et plus faible) ligne défensive.
L'agglomération de Slavyansk est une position bien pire à défendre pour l'Ukraine que les autres ceintures pour plusieurs raisons. D'abord et surtout, puisqu'elle est la plus éloignée vers l'ouest (et donc la plus éloignée des lignes de départ en février 2022), elle est la moins améliorée et la moins fortifiée de ces ceintures. Deuxièmement, la plupart de ce que nous pourrions appeler ses bons points se trouvent à l'est de la ville de Slavyansk, points forts incluant à la fois les terrains dominants et les routes principales.
Tout ceci pour dire que l'Ukraine a été très anxieuse de tenir la ligne de Bakhmut, puisque c'est une position largement préférable à défendre, et dans cette optique elle a déversé des unités dans ce secteur. Les niveaux absurdes d'engagement des forces ukrainiennes dans cette zone ont bien été notés, mais juste à titre de rappel rapide, des sources ukrainiennes disponibles publiquement localisent au moins 34 brigades ou équivalents en unités qui ont été déployées dans la zone de Bakhmut. La plupart de celles-ci ont été déployées des mois auparavant et sont déjà en miettes, mais sur toute la durée de la bataille en cours, cela représente un engagement stupéfiant.

Unités ukrainiennes autour de Bakhmut (avec la permission de Military Land)

Les forces russes, principalement le groupe privé Wagner et les unités de Luhansk ont fait lentement mais sûrement éclater le point fort ukrainien en faisant un usage généreux de l'artillerie. En novembre, le dorénavant ex-conseiller de Zelensky Oleksiy Arestovych a admis que l'artillerie russe sur l'axe de Bakhmut bénéficiait d'un avantage de 9 tubes contre un (je suppose que ces "tubes" sont les divers  canons d'artillerie : ndt), ce qui est en train de transformer Bakhmut en un piège de mort.
La bataille est présentée à l'Ouest comme une où les Russes -- habituellement stéréotypés comme des soldats bandits employés par Wagner -- lancent des assauts frontaux sur les défenses ukrainiennes et subissent d'horribles pertes en essayant de submerger la défense simplement par leur nombre. L'opposé est beaucoup plus proche de la réalité. La russie avance lentement parce qu'elle applatit les défenses ukrainiennes par de l'artillerie, puis pousse en avant prudemment dans ces défenses pulvérisées.
L'Ukraine pendant ce temps, continue de convoyer des unités dedans pour plus ou moins remplir les tranchées avec de nouveaux défenseurs. Un article du Wall Street Journal parlant de la bataille, tout en essayant de présenter une histoire d'incompétence russe, a inclus accidentellement une admission d'un commandant ukrainien sur le terrain qui disait :"Jusqu'à présent, le taux d'échanges entre nos vies et les leurs favorisent les Russes. Si cela continue comme ça, nous pouvons être à court d'hommes".

Les comparaisons ont été largement faites (et je ne peux en prendre le crédit) avec une des plus tristement célèbres batailles de la première guerre mondiale -- la catastrophe sanglante de Verdun. Bien qu'il ne faille pas exagérer la valeur prédictive de l'histoire militaire (dans le sens où une connaissance complète de la première guerre mondiale ne permet pas de prédire les événements en Ukraine), Je suis néanmoins un grand fan de l'histoire en tant qu'analogies, et le plan allemand à Verdun est une analogie utile pour ce qui se passe à Bakhmut.
La bataille de Verdun fut conçue par l'état-major allemand comme un moyen d'incapaciter l'armée française en l'attirant dans un hâchoir préconfiguré. L'idée était d'attaquer et de s'emparer des hauteurs défensives cruciales -- hauteurs si importantes que la France aurait été obligée de contre-attaquer pour essayer de les recapturer. Les Allemands espéraient que la France engagerait ses réserves stratégiques dans cette contre-attaque de sorte qu'elles pourraient être détruites. Bien que la bataille de Verdun ait échoué complètement à saper les forces de combat françaises, elle est devenue une des plus sanglantes batailles dans l'histoire mondiale. Une pièce allemande commémorant la bataille montrait un squelette pompant du sang hors de la terre -- une métaphore visuelle effrayante mais adéquate.

"La grande pompe sanglante"-- commémorant l'abattoir de Verdun

Quelque chose de similaire s'est en effet produit à Bakhmut, dans le sens que la Russie est en train de presser fort sur un des points les plus sensibles de la ligne de front, attirant à l'intérieur les unités ukrainiennes pour être détruites. Il y a quelques mois, juste après le retrait russe de la rive gauche de Kherson, les Ukrainiens parlaient avec extase de poursuivre leur efforts offensifs par une percée vers le sud dans le district de Zaporozhia pour couper la voie terrestre menant à la Crimée, ainsi que des efforts poursuivis pour faire une percée dans le nord de la République de Luhansk (maintenant russe : ndt). Au lieu de quoi, les forces de ces deux axes ont été redirigées vers Bakhmut, au point où cet axe est en train de drainer activement la force de combat ukrainienne des autres zones. Des sources ukrainiennes, auparavant pleines d'optimisme, sont maintenant d'accord sans équivoque qu'il n'y aura pas d'offensive ukrainienne dans le proche futur. Alors que nous parlons, l'Ukraine continue d'envoyer des forces dans l'axe de Bakhmut.
Au moment présent, la position de l'Ukraine autour de Bakhmut s'est bien détériorée, avec les forces russes (pour l'essentiel l'infanterie Wagner supportée par l'artillerie de l'armée russe) faisant des progrès substantiels sur les deux flancs de la ville. Sur le flanc nord, la capture de Soledar a poussé les lignes russes à un jet de pierre des grands routes nord-sud, tandis que la capture presque simultanée de Klishchiivka sur le flanc sud a repoussé les lignes de front au seuil de Chasiv Yar.

La ligne de contact autour de Bachmut, 20 jan 2023 (carte par Big Serge)

Les Ukrainiens ne sont pas encerclés encore, mais l'avancée continuelle des positions russes toujours plus proches des grandes voies restantes est facilement discernable. Actuellement, les forces russes tiennent des positions à un peu plus de trois kilomètres de toutes les grandes voies restantes. Encore plus important, la Russie contrôle maintenant les hauteurs au nord comme au sud de Bakhmut (la ville elle-même est sise dans une dépression entourée par des collines) donnant aux Russes le contrôle du feu sur la majeure partie du champ de bataille.
Maintenant, j'anticipe le fait que la Russie nettoiera la ligne défensive Bakhmut-Siversk vers la fin mars. Entretemps, le dénuement des forces ukrainiennes sur d'autres axes suggère la perspective d'offensives russes décisives ailleurs.

En ce moment, la majorité de la puissance de combat russe n'est pas engagée, et les sources ukrainiennes aussi bien qu'occidentales deviennent (en retard) de plus en plus inquiètes à la perspective d'une attaque russe dans les prochaines semaines. Actuellement, la position ukrainienne entière dans l'est est vulnérable parce qu'elle est, en fait,  un énorme éperon, vulnérable à des attaques venant de trois directions.
Deux cibles opérationnelles en profondeur ont en particulier le potentiel pour faire éclater la logistique et le ravitaillement ukrainiens. Elles sont, respectivement, Izyum au nord et Pavlograd au sud. Une projection russe le long de la berge occidentale de la rivière Oskil vers Izyum menacerait simultanément de couper et détruire le regroupement ukrainien sur l'axe Statove (S sur la carte) et de couper la grande voie M03 venant de Kharkov. En atteignant Pavlograd, d'un autre côté, la Russie isolerait complètement les forces ukrainiennes autour de Donetsk et couperait la majeure part du transit à travers le Dniepr.

Le plan de Big Serge (carte de lui-même)

Izyum comme Pavlograd sont à peu près à cent trente kilomètres du point de départ d'une attaque russe future, et offrent ainsi une combinaison très tentante -- étant à la fois opérationnellement significatives et à une distance relativement gérable. Hier (il y a donc neuf jours: ndt), nous avons commencé à observer des avancées russes sur l'axe de Zaporozhia. Bien que celles-ci sont principalement, pour l'instant, des opérations de reconnaissance en force à l'intérieur de la "zone grise" (cette zone d'affrontement interstitielle ambigüe), le ministère de la Défense russe affirme que plusieurs villages ont été pris, ce qui pourrait présager une authentique offensive dans cette direction. Ce qui en dirait long serait un assaut russe sur Orikhiv, qui est un gros bourg avec une vraie garnison à l'intérieur. Une attaque russe ici indiquerait que quelque chose de plus qu'une attaque test est en cours.

Il est parfois difficile de faire la séparation entre ce que nous prédisons qu'il se passera et ce que nous voulons qu'il se passe. Ceci, certainement, est ce que je choisirais si j'étais responsable de la plannification militaire russe -- une course vers le sud le long de la rive gauche de la rivière Oskil sur l'axe Kupyansk-Izyum et une attaque simultanée vers le nord en passant Zaporozhia vers Pavlograd. Dans ce cas, je pense que le contournement à court terme de Zapozhia est préférable que de se trouver coincé dans une bataille urbaine là-bas.
Que la Russie essaie ou non ceci, nous ne le savons pas. La sécurité opérationnelle russe est bien meilleure que celle de l'Ukraine comme de ses forces par proxy (Wagner et les milices de Luhansk et Donetsk), ainsi nous en savons significativement moins sur les déploiements de l'armée régulière russe que nous en savons sur ceux de l'Ukraine. Quoi qu'il en soit, nous savons que la Russie bénéficie d'une forte prépondérance de puissance de combat actuellement et qu'il y a des cibles opérationnelles appétissantes à portée.

S'il vous plait, monseigneur, j'en veux davantage

La vue d'oiseau de ce conflit révèle une fascinante méta-structure dans cette guerre. Dans la section du dessus, j'argumente selon une vue du front structurée autour de la Russie pénétrant par séquences les ceintures défensives ukrainiennes. Je pense qu'un genre similaire de structure narrative progressive s'applique à la génération des forces de cette guerre, avec la Russie détruisant une suite d'armées ukrainiennes.
Soyons un peu plus concret. Bien que l'armée ukrainienne existe au moins partiellement en tant qu'institution pérenne, sa puissance de combat a été détruite et reconstruite de multiples fois à ce stade grâce à l'aide occidentale. De multiples phases -- des cycles de vie, si vous voulez -- peuvent être identifiés :
    - Dans les premiers mois de la guerre, l'armée ukrainienne subsistante a été pour l'essentiel éliminée. Les Russes ont détruits la plupart des fournitures indigénes d'armes lourdes et mis en miettes de nombreux cadres du noyau dur de l'armée professionnelle d'Ukraine.
    - Après cette destruction initiale, les forces de combat ukrainiennes ont été consolidées en transférant virtuellement (en Ukraine : ndt) tout l'armement vintage soviétique existant dans les stocks des anciennes nations du pacte de Vasovie. Ce transfert de véhicules et munitions compatibles avec les capacités ukrainiennes actuelles, de pays comme la Pologne et la République Tchèque, a été achevé pratiquement à la fin du printemps 2022. Au début juin, par exemple, des sources occidentales admettaient que le stock soviétique avait été épuisé.
    - Avec le stock du Pacte de Varsovie épuisé, l'OTAN commença à remplacer les capacités ukrainiennes détruites par des équivalents occidentaux dans un processus débutant durant l'été. Les Howitzers (sorte de canon tracté: ndt) comme le M777 américain ou le Caesar français (canon monté sur un camion à plate-forme, automobile donc : ndt) ont fait l'objet d'une attention particulière.

La russie pour l'essentiel a combattu de multiples itérations de l'armée ukrainienne -- détruisant la force pré-guerre dans les premiers mois, puis combattant des unités réapprovisionnées grâce aux stocks du Pacte de Varsovie et est maintenant en train de dégrader une force qui est largement dépendante des systèmes occidentaux.
Cela a conduit à la maintenant fameuse interview du général Zaluzhny par The Economist dans laquelle il réclamait plusieurs centaines de tanks, de véhicules d'infanterie de combat et de pièces d'artillerie. En fait, il demandait encore une nouvelle armée, puique les Russes continuent de détruire celles qu'il a.
Je veux noter quelques zones particulières où les capacités ukrainiennes sont clairement dégradées au-delà de niveaux acceptables et observer comment cela est relié à l'effort de l'OTAN pour soutenir l'effort de guerre ukrainien.

D'abord l'artillerie
La russie a donné la priorité  à l'action de contre batterie depuis plusieurs semaines maintenant et semble avoir un grand succès à traquer et détruire l'artillerie ukrainienne.
Il semble que cela coïncide en partie avec le déploiement du nouveau système de détection de contre batterie "Penicillin". C'est un outil plutôt nouveau dans l'arsenal russe. La guerre des contrebatteries consiste en un dangereux tango de canons et de systèmes radars. Le radar de la contrebatterie a la tâche de détecter et de localiser les canons de l'ennemi, de sorte qu'ils puissent être détruits par ses propres tubes -- le jeu est à peu près analogue à des équipes ennemis de snipers et de repéreurs (le radar) essayant de se chasser les uns les autres -- et bien sûr, cela fait sens de tirer sur les systèmes radars ennemis  pour les aveugler.
Le système Penicillin offre de nouvelles capacités puissantes à la campagne de contre batterie russe parce qu'elle détecte les batteries radar ennemies non pas avec un radar mais grâce à une localisation acoustique. Elle envoie un boom d'écoute qui, en coordination avec quelques composants au sol, est capable de localiser les canons de l'ennemi par des détections acoustiques et sismiques. L'avantage de ce système est que, contrairement à un radar de contre batterie, qui émet des ondes radio qui révèlent sa position, le système Penicillin est passif -- il attend simplement et écoute, ce qui signifie qu'il ne donne pas de moyen facile pour le localiser. En conséquence, dans une guerre de contre batterie, l'Ukraine manque d'un moyen efficace d'aveugler (ou plutôt d'assourdir) les Russes. De plus, les capacités de contre batterie russes ont été augmentées par l'usage accru du drone Lancet contre les armes lourdes.

Le boom acoustique Penicillin écoute le son des cannons ennemis

Tout cela pour dire  que la Russie a détruit beaucoup d'artillerie ukrainienne dernièrement. Le ministre de la Défense russe a souligné les succès de la contre batterie. Eh bien je sais qu' à ce point vous pensez "pourquoi croire le ministre de la Défense russe"? Assez juste -- ayons confiance mais vérifions.
Le 20 janvier, l'OTAN  a convenu de se réunir à la base aérienne de Ramstein en Allemagne, avec en arrière-plan une nouvelle aide assemblée pour l'Ukraine. Cette aide contient, remarquez ça, une immense quantité de pièces d'artilleries. Selon mon compte, l'aide annoncée cette semaine inclut presque 200 tubes d'artillerie. De nombreux pays, en incluant le Danemark et l'Estonie, envoie en Ukraine littéralement tous leurs Howitzers. Traitez moi de fou mais je doute sérieusement que plusieurs pays décideraient juste spontanément, exactement en même temps, d'envoyer en Ukraine leur inventaire entier de pièces d'artillerie si l'Ukraine ne faisait pas face à une crise due à ses pertes d'artillerie. 
De plus, les Etats Unis ont pris de  de nouvelles décisions sans précédent  pour fournir à l'Ukraine des munitions.  Seulement dans la semaine précédente, ils ont puisé dans le stock d'Israël et de la Corée du Sud, au milieu de rapports affirmant que les stocks américains sont si bas qu'il faudra plus d'une décennie pour les reconstituer.

Passons en revue les indices ici et voyons si nous pouvons faire une conclusion raisonnable :
    1 Les officiels ukrainiens admettent que leur artillerie a un désavantage de un contre neuf dans des secteurs critiques du front.
    2 La Russie déploie un système de contrebatterie muni d'un avantage décisif et a augmenté le nombre des drones Lancet.
    3 Le ministère de la Défense russe affirme qu'ils ont traqué et détruit des systèmes d'artillerie en grand nombre.
    4 L'OTAN s'est dépéchée de rassembler un ensemble massif de systèmes d'artillerie pour l'Ukraine.
    5 Les USA font un raid sur des stocks critiques pour appovisionner l'Ukraine en munitions.
    
Personnellement je pense qu'il est raisonnable, compte-tenu de tout cela, de supposer que l'artillerie de l'Ukraine a été détruite en grande partie et que l'OTAN essaie de la reconstruire une fois encore.

Mon royaume pour un tank

le point principal de discorde dans les semaines récentes a été si, oui ou non, l'OTAN donnera à l'Ukraine des tanks. Zaluzhny a fait allusion au parc de tanks ukrainiens très appauvri dans son interview avec The Economist, dans lequel il a plaidé pour recevoir des centaines de tanks. L'OTAN a essayé de fournir une solution pour combler l'écart en donnant à l'Ukraine un lot de divers véhicules blindés comme le Bradley IFV et le Stryker, qui restaure quelque mobilité mais nous devons dire sans équivoque que ce ne sont en aucun cas des substituts pour des tanks et qu'ils en sont loin en terme de protection et de puissance de feu. Tenter d'utiliser les Bradleys, par exemple, dans le rôle de tanks ne va pas marcher.

Bonne journée

Jusqu'à présent, il semble que l'Ukraine va recevoir une petite poignée de tanks Challenger de Grande-Bretagne, mais il y a aussi  des pourparlers pour donner des tanks Leopards (allemands), des Abrams (américains) et des Leclercs (français). Comme  d'habitude, l'impact sur le champ de bataille de l'Ukraine recevant des tanks est à la fois grossièrement surestimé (aussi bien par les agents ukrainiens que par les pessimistes russes) et sous-estimé (par les triomphalistes russes). Je suggère  un moyen terme.
Le nombre de tanks qui peut raisonnablement être donné à l'Ukraine est relativement bas, simplement à cause du fardeau de l'entraînement et de la maintenance.  Tous ces tanks utilisent des munitions différentes, des pièces spéciales, et demandent un entraînement spécialisé. Ce ne sont pas le genre de systèmes qui peuvent simplement être conduits hors du parc et envoyés directement au combat par un équipage non entraîné. La solution idéale pour l'Ukraine serait de recevoir seulement des Leopards A24s, puisque ceux-ci peuvent être disponibles en nombre décent (peut-être deux cents) et au moins ils seraient standardisés.

Un Leopard turc carbonisé en Syrie

Nous devrions aussi noté, bien sûr, que ces tanks occidentaux ne vont probablement pas changer la donne sur le champ de bataille. Les Leopards  ont déjà montré leurs limites en Syrie durant les opérations turques. Remarquez la citation suivante de cet article de 2018 :
    "Etant donné que les tanks sont largement employés par les membres de l'OTAN -- en incluant le Canada, les Pays-bas, le Danemark, la Grèce et la Norvège -- il est particulièrement embarrassant de les voir si aisément détruits par les terroristes syriens quand ils sont supposés égaler les tanks russes"

Finalement, le Leopard est un tank plutôt banal conçu dans les années 70 surclassé par le tank russe T-90. Ce n'est pas un horrible équipement mais il n'est vraiment pas une terreur du champ de bataille. Ils subiront des pertes et seront réduits exactement comme le parc de tanks pré-guerre l'a été. Néanmoins, cela ne change pas le fait qu'une armée ukrainienne avec quelques compagnies de Leopards sera plus puissante que sans elles.
Je pense qu'il est juste de dire que les trois affirmations suivantes sont toutes vraies :

    1 Recevoir un mélange de tanks occidentaux créera des difficultés d'entraînement, de maintenance et un fardeau logistique pour l'Ukraine.
    2 Les tanks occidentaux comme le Leopard ont une valeur limitée au combat et seront détruits comme n'importe quel autre tank.
    3 Les tanks occidentaux augmenteront la puissance de combat de l'armée ukrainienne tant qu'ils seront dans le champ de bataille.

Maintenant, cela étant dit, il ne semble pas à ce moment que l'OTAN veuille donner à l'Ukraine des tanks (les choses ont évolué depuis après de nombreuses tergiversations, des tanks seront bien envoyés en Ukraine, du moins des Leopards: ndt). 
Pourquoi? Ma suggestion est que l'OTAN ne croit pas en la victoire ukrainienne. . L'Ukraine ne peut pas même rêver de déloger la Russie de ses positions sans une force de tanks adéquate et donc la réticence de l'OTAN  à remettre ses tanks suggère qu'elle pense que ce n'est qu'un rêve de toute façon. Au lieu de quoi,  ils continuent de donner la priorité à un armement qui maintient la capacité de l'Ukraine à combattre dans une défense statique (d'où les centaines de pièces d'artillerie) sans s'autoriser la fantaisie d'une grande poussée des blindés ukrainiens en Crimée.
Cependant, compte tenu  de la fièvre guerrière intense qui a augmenté dans l'Occident, il est possible que l'élan politique impose son choix sur le nôtre. Il est possible que nous ayons atteint le point où la queue remue le chien, où l'OTAN est piégée par sa propre rhétorique de support sans équivoque jusqu'à la victoire totale de l'Ukraine et nous pourrions encore voir des Leopards A24s brûlant dans la steppe.

Résumé : la mort d'un Etat

L'armée ukrainienne est extrêmement dégradée, ayant subi des pertes exorbitantes aussi bien en hommes qu'en armement lourd. Je crois que les militaires morts ukrainiens approchent les 150 000 à ce stade et il est clair que les inventaires de leurs tubes d'artillerie, de leurs munitions, et de leurs véhicules blindés sont largement épuisés.
Je m'attends à ce que la ligne Bakhmut-Siversk soit nettoyée avant avril, après quoi la Russie poussera vers la dernière ceinture défensive (et la plus faible) autour de Slavyansk. Pendant ce temps, la Russie a une puissance de combat significative en réserve, qui peut être utilisée pour réouvrir le front nord  sur la rive gauche de l'Oskil et redémarrer les opérations offensives dans le district de Zaporozhia, plaçant la logistique ukrainienne dans un danger critique.
Cette guerre sera combattue jusqu'à sa conclusion sur le champ de bataille  et s'achèvera par une décision favorable pour la Russie.

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samedi 14 janvier 2023

Enfin des lendemains qui chantent !

Savrassov


   Le commencement d'une époque formidable, comme celle que nous vivons, se traduit par des années de vache maigre, voire des décennies entières pour ce qui concerne l'Europe "illuminée", des troubles considérables, et souvent des guerres. C'est un problème. Néanmoins quel sentiment de soulagement, de consolation, de joie spirituelle pourrait-on dire, d'assister à la débâcle d'une société qui a depuis longtemps dépassé sa date de péremption!  Après des décennies passées au point mort, à se lever chaque matin avec l'horizon inchangé, morne et gris, un océan de bêtise et de mensonges dans toutes les directions, et soudain ce soleil inespéré qui se lève à l'Est. Assister au commencement de la fin de l'Empire du Mensonge comme le qualifie avec une concision et une justesse inégalables Vladimir Poutine qui n'est pourtant pas poète, c'est vraiment quelque chose. Hélas, il se trouve que nous faisons nous aussi, Français, partie de cet empire. Nous avons résisté peut-être un peu plus longtemps que d'autres en Europe ou en Asie mais il faut se rendre à l'évidence, nous ne sommes plus qu'une dépendance sacrifiable de l'Empire dont le siège officiel est à Washington (notre dernier acte de résistance aura été notre véto à la guerre d'Irak, la seconde, il y a juste vingt ans, qui a tout de même fait au final un million de morts, presque tous civils, une bagatelle pour un massacre comme aurait pu le titrer Céline). Pour l'Europe, le cheval de Troie de l'Empire, aura incontestablement été l'OTAN, bien aidée par toute la kyrielle d'ONGs qui ont leur mangeoire outre-atlantique à commencer par la plus louche de toutes qu'on appelle l'ONU (d'une manière générale, tout ce qui commence par un O en français ou finit par un O en anglais est suspect). L'opération, si elle a été préméditée, aura été menée de main de maître : d'abord la démilitarisation des armées européennes (préalable indispensable à la suite) puis destruction de l'industrie lourde puis destruction des réseaux énergétiques fonctionnels et enfin -- quand la dépendance envers l'Oncle Sam est complète -- création d'un conflit avec un géant comme la Russie, nains que nous sommes devenus. Maintenant nous sommes mûrs à point, tant que nous sommes encore bien gras et juteux, pour être dévorés par le maître, qui a très faim, toujours très faim, et qui n'a plus grand chose d'autre à manger en ces temps de crise.

Remarquons que tout cela aura été fait dans les formes, très poliment, très agréablement somme toute. La suite risque de l'être beaucoup moins. Remarquez aussi que j'ai commencé cet article au présent et que j'en suis au futur antérieur, temps rare mais absolument adéquat pour parler d'une civilisation disparue.

La période de vache maigre sera pour tout le monde (hormis la petite minorité qui parvient toujours à être du bon côté du manche) mais les grands perdants, comme presque toujours dans ces cas-là et particulièrement dans le cadre de l'empire US, seront les plus loyaux serviteurs du maître, songeons au roquet britannique, à la grosse dinde d'Outre-Rhin ou à l'abject toutou du soleil levant, le spécialiste incontesté il est vrai du seppuku. Et que dire de l'agneau sacrificiel ukrainien ! Celui-là aura été consommé avant même d'être gras et juteux. Déjà, il n'en reste plus guère que des os. Il faudra bientôt trouver un nouveau candidat : sera-ce la Pologne, Taïwan? Sont-ils assez maigres, pauvres, affamés, corrompus, ignorants et méchants pour le rôle ? c'est toute la question.

Les grands gagnants, relativement parlant, seront comme je l'ai dit dans un article précédent les principaux pays de l'Eurasie, moins bien entendu l'Europe occidentale. La Russie et la Chine, adossées qu'elles sont l"une à l'autre, idéalement complémentaires, ont tout pour connaître un coup d'accélérateur aussi brutal qu'inespéré dans les années à venir (car en vérité la défaite du bloc occidental est principalement sa propre faute). Mais nul doute que ça ne s'arrêtera pas à ces deux-là. L'Inde , l'Iran, l'Indonésie devraient elles aussi accrocher la locomotive. Possiblement, à un degré moindre, quelques pays d'Afrique et d'Amérique du Sud. Cela signifie que le monde de demain (mais c'est un demain tout proche, qu'on peut déjà sentir à défaut de toucher) sera multipolaire et mieux encore multiculturel (les occidentaux parlent beaucoup d'échanges culturels mais cela consiste toujours chez eux à échanger avec des sauvages de la verroterie (ou de la monnaie de singe) contre de l'or et des pierres précieuses -- là-dessus, on n'a pas fondamentalement changé depuis cinq cents ans).

Nous nous trouvons donc au bord du grand basculement des forces, non pas à la fin mais au commencement d'une nouvelle civilisation, plus partagée, plus équitable, plus diverse, et c'est une formidable nouvelle (puisque c'est ce que nous avons sans cesse à la bouche, n'est-ce pas?). L'ancienne civilisation, la nôtre disons-le, qui avait le contrôle du monde entier dans sa main avec ou sans son accord est en train de lâcher prise, éreintée, à bout de souffle et le peu de souffle qui lui reste est si nauséabond qu'on préfèrerait ne plus le sentir du tout. Une formidable nouvelle pour le monde dans sa globalité mais, j'en ai peur, pas pour nous. Nous regarderons, si nous vivons assez longtemps, ce magnifique spectacle de loin. Pour les gens d'esprit, ce n'est pas une mince consolation.

Oh bien sûr, tout ne se fera pas en quelques jours ou même quelques années. Le plus grand bras de l'Empire, qui n'est pas son armée mais sa monnaie, le dollar, a de telles ramifications, de telles tentacules infiltrées dans presque tous les rouages de la finance et du commerce mondial qu'il faudra au moins une décennie avant de l'en extirper (je ne parle évidemment pas de l'Europe qui elle sera pompée jusqu'à la dernière goutte de jus par la pieuvre vampire). 

Soyons donc impartial et réjouissons-nous pour ces futurs radieux qui s'annoncent, même s'ils ne nous concernent pas vraiment. La seule inquiétude que nous devons avoir est la réaction de l'Empire à sa démission forcée, devant le rejet universel dont il fait déjà l'objet. Qui peut prévoir avec certitude la réaction de la bête méchante et encore puissante une fois acculée. On sait quel est le calcul actuellement dans les centres de décisions US (je parle à leur place): affronter nos ennemis russes et chinois (ils pensent toujours en terme d'amis ou d'ennemis) est très dangereux mais si nous attendons davantage, nous serons en situation d'infériorité, non seulement militairement mais économiquement. Alors pourquoi ne pas jouer notre va-tout sans attendre, même si c'est à la roulette russe (qui soit dit en passant n'a rien de russe mais tout du film hollywoodien type) ? Ce raisonnement ou ce discours est plus que dangereux et complètement irresponsable. Et l'histoire ne parle pas en faveur de la raison ou d'un sens moral minimum du côté de Washington; après tout ce sont les seuls dans toute l'histoire à avoir utilisé l'arme nucléaire contre l'ennemi, qui alors était le méchant Jap. Avec les Américains et d'une manière générale les Anglo-saxons, on peut être certain d'une chose : s'ils ont la possibilité d'employer une arme, et s'ils sont convaincus qu'il n'y aura pas de réponse à la hauteur, ils le feront. La situation est toutefois différente aujourd'hui : les Russes, les Chinois ont eux aussi l'arme nucléaire et dans le cas du premier en plus grand nombre et avec une puissance de feu très supérieure à celle de l'OTAN. Mais le problème est que ces bons raisonnements ne raisonnent que les gens de raison. La preuve est faite depuis un bon moment que les gens de raison ont pour la plupart déserté Washington ou ont été expulsés loin des leviers de commande. Le désespoir commence à être palpable dans le camp du "bien", de "la liberté et de la démocratie" (demandez aux Amérindiens, aux Indiens d'Inde, aux Vietnamiens, aux Yougoslaves, aux Irakiens, aux Lybiens, aux Syriens ce qu'ils pensent de cette merveilleuse démocratie porteuse de liberté). Et le désespoir rend fou et méchant quand vous avez perdu depuis longtemps tout compas moral, quand vous avez été si longtemps habitués au crime de masse en toute impunité. Songez un peu encore une fois si ça n'a pas bien percuté la première fois : la Corée, le Viet-Nam, le Guatemala, Grenade, Timor, une foultitude d'états d'Amérique latine que j'oublie, la défunte Yougoslavie, la défunte Irak, la Syrie (qui résiste), l'Afghanistan et tous ceux qui ont été des victimes par proxys comme le Yemen, la défunte Lybie (là, c'est nous, directement, qui avons commis le massacre tout en apportant liberté et démocratie comme on a pu le voir) ou maintenant l'Ukraine (coup d'état, création d'une armée de mercenaires russophobes (j'inclus les Ukrainiens : l'armée ukrainienne est devenue de facto une légion de mercenaires, grassement payés -- mais l'est-on jamais assez ?-- pour aller se faire massacrer en lieu et place du principal intéressé), persécutions tous azimuts et bombardement incessant des populations civiles russophones du Donbass depuis 2014, le tout entériné et confirmé par les bouches stupides de Merkel et de Hollande encore tout récemment si on gardait le moindre doute)).

Oui, l'avenir pourrait encore être radieux pour l'Humanité à condition que le parti des fous à Washington et son grotesque satellite de Bruxelles ne l'emporte pas. Et ça, ce n'est pas encore gagné. Une lueur d'espoir peut toutefois être entrevue même venue du fond de l'Empire (l'Europe est un cas désespéré, n'en parlons plus) dans de récentes déclarations de militaires haut-gradés qui semblent reconnaître, si on sait lire entre les lignes, que le Pentagone au moins est conscient de l'impossibilité d'une guerre frontale avec la Russie sans risquer des pertes tellement gigantesques (du côté américain bien sûr, les pertes Russes n'ont aucune importance) qu'ils rendraient le troisième reich presque avenant en comparaison pour les futurs livres d'Histoire. Et ça, la publicité, la vitrine, l'image, les Américains y sont immensément sensibles. C'est à peu près le seul guide qui leur reste... avec le pognon mais ça va sans dire.


Deux articles du Postil Magazine très éclairant :

Le premier en relation directe avec l'article ci-dessus, écrit par un Russe vivant en France, certainement un des plus lucides que j'ai pu lire sur la mutation en cours de notre monde.

Le second traitant plus spécifiquement de la guerre en Ukraine avec des précisions indispensables sur les bombardements civils (crimes de guerre) en hausse constante depuis le début de l'année dernière, répertoriés par un organisme occidental et non pas russe comme on pourrait le croire ainsi que les preuves incontestables de l'influence nazie dans l'armée et les partis au pouvoir (en fait le parti dorénavant) en Ukraine.

Et enfin celui-ci de moi.