jeudi 14 août 2025

L'attaque du bébé géant suivi de la reddition du bébé géant

 



Suivant toujours notre désir d’éduquer le peuple et de lutter contre « l’Empire du Mensonge », nous donnons ici (donner veut dire céder gratuitement) l’entière explication des derniers faits et gestes du bébé géant Trump. Grâce à nos canaux d’information ordinaires et extraordinaires, nous savons en effet non seulement ce qui s’est passé, ce qui se passe mais aussi ce qui va se passer (jusqu’à un horizon des événements généralement estimé de 3 ans dans le futur).

Le danger que représentent les manigances du bébé géant — entre 3 et 17 m de haut selon les témoins — n’est plus à prouver. Ses piétinements, son arrogance juvénile, ses explosions de colère ou de joie malsaine, son incapacité à mesurer sa force ainsi que son ignorance totale du monde extérieur et de ses usages ont déjà provoqué, directement ou indirectement, la destruction de nombreuses villes et même pays entiers. On signale des morts par millions sur son passage, et tout ceci en six mois seulement. Rien ne semble pouvoir l’arrêter, hormis sans doute une bombe atomique mais quel serait l’intérêt de remplacer un fléau par un autre encore plus grand ? Rien ne semble pouvoir l’arrêter excepté un certain M. Poutine.

Witkoff, le représentant officiel préféré du bébé géant, tel le hérault de Galactus, argenté lui aussi mais moins joli, est arrivé dernièrement dans son petit vaisseau à Moscou pour l’avertir de sa destruction imminente. Du mois, c’est ce que les attachés de presse du bébé géant (chacune de ses bottes en contient environ mille) ont raconté. Ces menteurs triés sur le volet ont aussi prétendu qu’un certain habitant de Moscou, professeur de judo dans la vie civile, M. Poutine, aurait aussitôt remis les clés de la ville au hérault et présenté ses offres de service à son maître Gal… Trump. De façon encore plus grotesque, ils ont assuré la main sur le cœur que c’est M. Poutine qui avait demandé un entretien avec le bébé géant. Enfin ils lui ont prêté divers projets plus fantaisistes les uns que les autres.

Nous devons donc ici rectifier quelque peu la « narrative » comme on dit outre-Atlantique.

Naturellement M. Poutine n’a rien demandé de tel. La seule raison pour laquelle Witkoff est venu à Moscou est justement de demander à M. Poutine de cesser de contrarier le bébé géant et de bien vouloir rencontrer son maître G… Trump. Pour ne pas contrarier davantage le bébé géant (et provoquer par là quelques millions de morts de plus) M. Poutine a donc finalement accepté.

Ici nous donnons verbatim l’essence de l’entretien de M. Poutine avec Witkoff (la seule partie substantielle), et nous en profitons pour annoncer que ce sera également la substance de la future réunion entre M. Poutine et le bébé géant qui aura lieu comme chacun sait maintenant chez les esquimos et les ours blancs.

« Écoutez, a dit (et dira) M. Poutine après les cérémonies et bla-bla d’usage, nous savons que vous ne souhaitez pas la paix en Ukraine mais un cessez le feu suivi d’un gel du conflit. Eh bien ça tombe bien car cela nous convient.

« Pour atteindre ce but commun donc, il existe deux scénarios. Dans le scénario A, qui est le plus rapide et le moins douloureux, vous cessez de fournir armes et argent au pouvoir bandériste de Zelensky, vous persuadez vos « amis » européens de faire de même, ce qui ne sera pas trop difficile après deux ou trois bons coups de pied au cul (ils adorent ça). L’armée bandériste se retire de Zaporojia, Hrerson et ce qui leur reste du Donbass. Cela peut se faire en quelques mois. Pour la suite, libre à nous de constituer une zone démilitarisée le long des nouvelles frontières de facto (que vous les reconnaissiez ou non n’a guère d’importance). Nous vous laissons l’initiative pour la suite. Si vous voulez déclarer Victoire, si vous voulez entonner des louanges à la gloire du bébé géant, pas de problème, cher ami, nous ne vous le contesterons pas. Et M. Trump aura son prix Nobel de la paix comme prévu à la fin de l’année.

« Scénario B. Vous ne voulez pas ou ne pouvez pas arrêter de fournir armes et argent pour quelque raison au sous-Reich de Kiev. Alors nous continuons. Nous allons prendre Zaporojia, Hrerson et ce qui reste du Donbass. Cela prendra bien sûr un peu plus de temps de cette façon mais nous ne sommes pas pressés, comme vous avez dû vous en apercevoir. D’autant que tout compte fait, nous continueront jusqu’à Sumy, Hrarkoff et Dniepropetrovsk, histoire d’agrandir notre zone tampon. Cela vous coûtera d’ici là encore plus d’argent, de temps et rien ne dit que les électeurs du bébé géant trouveront cela à leur goût… Ah, et on me signale qu’il y a une élection par chez vous l’an prochain, comment dites-vous ?... les midterms… Notez bien, cher ami, que le résultat sera presque le même quel que soit le scénario. Bien sûr, vous pourrez toujours alors crier Victoire, créer avec notre concours une zone démilitarisée et envoyer la candidature du bébé géant pour le prix Nobel de la paix mais quelque chose me dit que vous aurez plus de mal à convaincre…

« Les deux scénarios A et B nous conviennent, faites votre choix. »

Voilà ce que M. Poutine a très exactement dit à Witkoff après le bla-bla-bla d’usage et qu’il répétera au bébé géant de vive voix.

Naturellement, ce que M. Poutine sait et ne dit pas (car dans le métier de M. Poutine, il est impossible de dire uniquement et toute la vérité : question de légitime défense nationale) c’est que la future zone démilitarisée ne sera qu’un autre nom pour sa « zone tampon », qui empiètera de facto un peu plus sur la colonie ukrainienne restante. Quant au fait, probable, que les Otasuniens voudront profiter du gel du conflit pour réarmer et réorganiser une armée ukrainienne, M. Poutine en sourit sous sa moustache (qu’il n’a pas) car il sait bien que dans deux, trois, cinq, dix ans, l’Otasunie aura cessé, de facto, d’exister et que le bébé géant sera redevenu minuscule. Ce que M. Poutine ne dit pas non plus, c’est que sur le papier réglant les conditions du cessez-le-feu et autres minutiae, papier que devront signer M. Zelensky (ou un autre gouverneur appointé du sous-Reich) et M. Trump, on aura juste omis de marquer en gros caractères rouges : ACTE DE REDDITION.

*The Attack of the Giant Baby : nouvelle de science-fiction de Kit Reed.

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