vendredi 11 avril 2014

UCCELLO et ses créatures brillantes (2)

Uccello peint exclusivement la nuit. Ainsi, La Chasse, ou le triptyque consacré à la bataille de San Romano, se déroulent nuitamment contre toutes les règles de la chasse à courre et de la guerre, à cette époque.
De haut en bas et de gauche à droite : 1, 2, 3 :  détails de la Chasse; 4,5,6 :  détails du triptyque de la Bataille de San Romano.

En (3), on distingue à peine la lune au-dessus de la canopée. Comment ce fin croissant pourrait illuminer cette scène ? D'ailleurs l'éclairage de la scène ne semble rien à voir avec ce faible luminaire et paraît davantage provenir des créatures elles-mêmes, plantes, animaux, hommes, tel des objets phosphorescents dans l'obscurité. Ainsi les fleurs dans l'herbe ressemblent à des pièces d'or (1). La peinture d'Uccello est un art de la couleur et non de la lumière. En cela, il se rapproche des anciens maîtres verriers ou des artistes tapissiers. Ainsi, avec ce peintre étrange, on assiste à un étonnant mariage entre deux penchants que tout oppose apparemment : le goût pour la couleur et le goût pour les scènes nocturnes, paradoxe qu'il résout à sa manière.
En (1) on peut voir la flèche dessinée par le curieux ruisseau bleu ciel au milieu de la forêt, et de la nuit ! ainsi que les lignes de fuites tracées par les chiens et gibiers mêlés (2) : tous pointent une même direction, le centre de gravité du tableau, un trou noir.

Finalement, la véritable raison d'être de la nuit dans ces peintures est sans doute qu'elles représentent des scènes de rêve, avec ses règles mystérieuses. Même les combattants (en 4) ont parfois l'air de rêver au beau milieu du champ de bataille. L'or, une des couleurs les plus caractéristiques du rêve avec le noir est omniprésent dans les peintures d'Uccello : de nouvelles pièces d'or ornant les chevaux caparaçonnés (4), un lièvre d'or (5), des oranges et des lances dorées (6).
Pour finir ce beau portrait d'un chevalier pensif et mélancolique : peut-on croire qu'il est au même instant en train de donner le signal de l'attaque, ou de la contre-attaque, avec un chapeau pareil sur la tête ?

Lire la première partie de l'article ici

 

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