samedi 6 avril 2024

Vladimir Poutine, un vrai serviteur du peuple

    Vladimir Poutine fait énormément pour redorer le blason des chefs d’États depuis plus de deux décennies. Les leaders qui ont un authentique sens de l’État, c’est-à-dire des intérêts du pays, c’est-à-dire du peuple dans sa grande majorité (et non d’une fraction, qu’elle soit la résultante de division politique, ethnique, religieuse ou de classe) ont toujours été plutôt l’exception que la règle. On les appelle très justement des serviteurs de l’État, ou selon moi plus concrètement, des serviteurs du peuple.
    Pour pouvoir prétendre à ce titre aussi honorable qu’officieux, un homme politique doit avoir pour but premier et ultime de favoriser les intérêts des populations qu’il sert, sinon de la totalité (ambition sans doute utopique et peut-être d’ailleurs contre-productive) mais d’une vaste majorité, qu’elle vote ou pas. C’est pourquoi dans les démocraties modernes, toute réforme importante ne devrait être prise qu’après s’être assuré d’avoir une majorité qualifiée, généralement fixée aux deux-tiers, ou pour faciliter les comptes de 65%. Mais ce type de majorité ne peut-être qu’un strict minimum pour pouvoir être qualifiée de politique populaire. Les trois quarts est une barre déjà bien plus correcte et 80% s’approche de l’optimum.
    Que doit faire un homme politique, très concrètement, pour obtenir cette adhésion souhaitable, aussi large que sincère ? La réponse est en fait assez simple sur le papier, beaucoup plus difficile dans la pratique. L’homme politique doit axer son programme sur des réalisations et des réformes qui servent à cette vaste majorité. Qu’est-ce qui sert à la vaste majorité d’une population sinon sa totalité ? Des routes, des ponts, des ports, des aéroports, des lignes ferroviaires, en général des infrastructures de qualité, des centrales énergétiques, des moyens de transport à la fois bon marché et modernes, une agriculture développée et efficiente pour nourrir cette population, des industries pour créer ces moyens de transport, ces infrastructures de qualité, ces centrales énergétiques, cette agriculture efficiente, des villes à la fois agréables et pratiques à vivre, conciliant un commerce florissant avec des conditions d’habitat décentes, en tout cas améliorées par rapport à la période précédente. Personnellement, j’ai du mal à voir qui pourrait ne pas être d’accord avec un tel programme, excepté quelques néo-luddites, climato-apocalyptologues ou trolls des cavernes. Eh bien, on constatera que tous les grands serviteurs de l’État, du peuple en fait, ont suivi grosso-modo ce programme.
    En France, pour prendre l’histoire que je connais le mieux, on peut certainement trouver un exemple de ce type de politique durant la période de l’après-guerre, politique menée principalement par le controversé mais généralement bien-aimé du peuple Charles de Gaulle (mais on pourrait citer aussi pour l’autre bord politique, Pierre Mendès-France). Je crois que De Gaulle est défini généralement comme un conservateur, de droite évidemment, avec des tendances autoritaires. Néanmoins, si vous examinez sa politique réelle, c’est-à-dire si vous considérez uniquement ses actes, il s’est appuyé sur tout un réseau d’entreprises nationalisées afin de bâtir les fondations modernes de ce pays et le fait est que si la France n’est pas déjà une nation de troisième ordre, c’est uniquement grâce à sa vision claire datant de l’après-guerre.  De même, c’est lui qui a mis un terme à la guerre d’Algérie et décidé que la colonisation de ce pays était terminée. Les entreprises nationalisées, la décolonisation sont des marqueurs habituels de la gauche, parmi les plus importants. On doit donc comprendre que les grands hommes d’État, ceux qui en ont véritablement le sens et ont le niveau d’engagement nécessaire pour accomplir les tâches difficiles que réclame ce poste, ne sont jamais liés fortement par une idéologie quelle qu’elle soit. La question qu’ils se posent en premier est toujours : qu’est ce qui va marcher dans ce pays ? quelle est la direction qui apportera le plus de prospérité à long terme pour l’ensemble de ses habitants ? Et quand ils ont répondu à ces questions, ils ne se laissent pas arrêter par des discussions partisanes. Ces personnalités d’exception ne concourent pas à un prix de la démocratie ou à un prix de beauté. Ils sont peu soucieux des arbitres des vertus et des élégances (Louis XI me vient à l’esprit, un grand bâtisseur dans son genre). Ils savent que certaines choses doivent être faites et qu’elles ont un prix. De Gaulle par exemple a établi le système démocratique le plus centralisé, le plus présidentiel, le plus autoritaire qui soit encore en vigueur parmi toutes les nations occidentales. S’il ne l’avait pas fait, il n’aurait probablement pas pu appliquer son plan dans toute son étendue et avec cette rapidité. En somme, il aurait été beaucoup moins efficace.
    Les problèmes auxquels a dû faire face Vladimir Poutine à partir de 1999 étaient de nature différente mais certainement pas moindres. La débâcle de l’Union Soviétique n’a pas du tout été une période heureuse pour les divers peuples qui la composaient et encore moins pour les Russes. Cette révolution s’est apparentée à une destruction générale, suivie d’une revente à la découpe. La volonté des peuples n’a peut-être paradoxalement jamais été aussi peu respectée qu’à cette époque dans cette partie du monde. Quand des referendums ont été tenus dans les diverses républiques, en particulier en Ukraine, les peuples ont massivement voté pour rester au sein de l’Union mais les élites moscovites n’en ont tenu aucun compte. Ce n’est sans doute pas que les peuples appréciaient particulièrement les Soviets mais ils savaient ce qu’ils allaient perdre : leur retraite, leur salaire, leurs moyens de vie. Et c’est bien ce qui est arrivé. Si on ajoute à ça la corruption généralisée des fonctionnaires, (quand vous n’êtes plus payé ou à peine pour le travail que vous faites, il faut bien trouver un revenu de secours), les oligarques pillards sans foi ni loi, de véritables maffieux à cette époque dont un représentant était le défunt Prigojine, on comprend que Poutine ait qualifié cette période de plus grande catastrophe avec la seconde guerre mondiale qui soit arrivée à la Russie. 
    Il n’est pas étonnant que Poutine soit justement sorti de ce milieu. D’où aurait-il pu venir ? Car c’est bel et bien le Boris Yeltsine vendu aux oligarques et aux Américains qui a choisi Poutine pour être son premier ministre en 1999, ce qui au vu de son état de santé revenait de facto à faire de lui le vrai chef du Kremlin et son successeur désigné. Ni les oligarques russes ni leurs sponsors américains n’ont vu le danger venir. Il ne fait aucun doute que Poutine ne s’est pas réveillé un matin en 2000 en se disant : « si je bottais le cul à tous ces oligarques vendus, jetais dehors ces Américains et reprenais ce qui appartient de droit au peuple russe ». Non, le plan était depuis longtemps dans sa tête : on en trouve maintenant des indices dans ses premières interviews. Bien sûr, il faut décrypter ce qu’il dit mais ce n’est pas trop difficile avec le recul. Pourquoi ? Pourquoi ont-ils laissé grimper l’échelle de la hiérarchie et même aidé à y grimper celui qui devait devenir leur plus implacable Némésis ?
    La réponse que je vois se trouve dans l’ancien métier de Poutine, que l’on qualifie habituellement d’espionnage. Poutine était depuis longtemps habitué à opérer en terrain ennemi, dans cette Allemagne de sinistre mémoire pour un homme dont la famille avait été particulièrement touchée par la guerre (ses deux frères aînés sont morts pendant le siège de Léningrad et son père a été gravement blessé). Travailler chez soi comme si on était en terre ennemie au sein de maffieux ou d’oligarques véreux n’était pas forcément très différent dans son esprit que d’infiltrer des allemands de l’ouest (tel était son vrai job à Dresdes). Il avait un avantage sur eux : lui les connaissait pour ce qu’ils valaient ; eux n’avaient aucune idée de ce qu’il était vraiment. Il fallait juste être plus malin qu’eux, plus lucide, avoir toujours au moins un coup d’avance. Il avait toutes les compétences requises pour survivre et même prospérer dans ce type de milieu. Disons-le plus simplement : il les a roulés. Et c’est bien pour ça que ces oligarques russes (ou ex-oligarques) et l’establishment occidental, particulièrement washingtonien, le déteste autant.
    Quand j’écoute et regarde Poutine dans ses apparitions publiques, je suis frappé non par ce qu’on appelle son culte de la personnalité (argument ordinairement utilisé pour dénigrer Poutine et pour l’assimiler à quelques dictateurs de sinistre mémoire) mais précisément par l’inverse. C’est comme si lorsqu’il enfilait son costume de chef de l’État, l’individu Vladimir Vladimirovitch se fondait et disparaissait pour ne laisser place qu’à l’instrument de l’État appelé Poutine, entièrement focalisé sur les intérêts de l’État, en tant que représentant du peuple. C’est l’exact opposé d’un Macron, sans cesse papillonnant et fanfaronnant et jouant à être président. Cette fusion entre l’individu et la fonction qu’on trouve chez Poutine (et qu’on trouvait sans aucun doute chez De Gaulle dans une certaine mesure) demande un engagement total. Cela explique non seulement la compétence mais aussi la patience et le calme apparemment inébranlable de cet homme qui de fait, est alors bien plus qu’un individu.
    Comme on en a eu encore récemment une démonstration, la politique générale de Vladimir Poutine est appréciée par plus qu’une majorité qualifiée de Russes et ceci depuis sa première élection véritable, après avoir été "fait" président par Yeltsine en 2000. Seuls les gens qui n’ont aucune connaissance de la société russe moderne peuvent croire que ces résultats sont significativement faussés. Nulle élection n’est parfaite, pas plus en Russie qu’ailleurs, et sans doute trouvera-t-on ici et là quelques actes frauduleux mais certainement pas plus que lors de la dernière élection présidentielle américaine (et probablement de la prochaine). Au vu de la marge que possède Poutine, on se demande d’ailleurs, mis à part un excès de zèle de supporters toujours possible, quelle peut être la raison de tels agissements. Ces bourrages d’urnes, coutume apparemment indissociable des démocraties, ne peuvent avoir d’impact que là où la majorité simple (la moitié des voix plus une) se joue sur le fil du rasoir ; ce n’est évidemment pas le cas de la Russie actuelle. Les Russes, sauf une étroite minorité, apprécient globalement la politique de Poutine exactement pour les raisons que j’ai indiquées : il a développé tous les secteurs énumérés plus haut, leur standard de vie n’a cessé de monter, le pays n’a cessé de se moderniser et d’être plus agréable à vivre pour la vaste majorité. En gros, les Russes vivent depuis les années 2000 ce que les Français ont connu après-guerre pendant un quart de siècle, une amélioration rapide et constante de leurs conditions de vie. Naturellement, on voit donc que pour apprécier le travail d’un serviteur du peuple, il faut savoir d’où il est parti, dans quel état il a trouvé le pays et la population qu’il contient, puis considérer ce même pays et cette même population à son départ. Pour De Gaulle, contre toute raison pourrait-on dire, la sortie n’a pas été glorieuse. Mais même moi qui ne suis pas incliné vers ce personnage, suis prêt à reconnaître que c’était en grande partie immérité. Pour Poutine, il est encore trop tôt pour affirmer que la fin sera aussi glorieuse que ce quart de siècle passé au service du peuple russe. Néanmoins, à en juger par tous les grands indicateurs, sociaux, économiques, culturels, diplomatiques, militaires, avec l’exception de la démographie, le seul véritable problème restant à la Russie, je suis prêt à parier que le pays est sur la bonne voie et que les progrès constatés aujourd’hui, loin de ralentir dans les années à venir, comme certains ânes du Poitou ou d’ailleurs le prédisent, vont plutôt s’accélérer.

    Je termine cet article par un exemple vidéo illustrant bien, je trouve, la politique au service du peuple. Qu’y a-t-il de plus populaire qu’un métro ? Comparez les images ci-dessous du métro moscovite avec celui de Paris ou de New-York. Et ne croyez pas qu’il s’agisse de cherry-picking, même si bien entendu toutes les stations du métro de Moscou n’ont pas la splendeur presque incongrue à nos yeux de la Mayakovskaya. Vous en trouverez preuve dans la seconde vidéo, en français qui plus est, ou je crois bien qu’une centaine de stations est passée en revue. Mais à mon avis, la première vidéo suffit pour être convaincu, avec l’avantage visuel et sonore que la présentatrice a la très rare capacité à pouvoir atteindre un orgasme toutes les trente secondes : « Oh ! Ah ! Oh !... »
    Personnellement, je trouve que ces images en disent long sur les priorités respectives de nos pays et des gens qui les gouvernent… ou qui les servent.





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