vendredi 6 septembre 2024

Les grands maîtres du fantastique : Poe, Le Fanu, Maupassant, Borges

'L'île des morts' de Böklin, version III

    En guise d’introduction à ce court essai, je vais d’abord paradoxalement dire un mot des auteurs célèbres ou pas que j’ai exclus, après plus ou moins d’atermoiements, de cette liste des grands maîtres du fantastique. La première raison de cette exclusion et la plus évidente est que je n’ai évidemment pas lu tous les bons auteurs fantastiques qui existent de par le monde, même si je pense avoir fait à peu près le tour de que notre littérature occidentale a proposé de mieux dans le genre. Le processus de sélection a été à peine moins rapide concernant Tolkien, ce qui peut surprendre, puisque je n’ai jamais réussi à lire plus du quart d’un de ses romans. Quoique d’un style plus agréable pour mes goûts, je n’ai guère été plus loin avec CS Lewis et son Narnia. Il est plus que probable que ce sont des auteurs extraordinaires pour des enfants ou pour des ados éventuellement mais il se trouve que je parle ici des maîtres de la littérature adulte.
    Par « grand maître », j’entends un auteur ayant principalement œuvré dans le domaine qui non seulement est particulièrement intéressant mais qui aussi écrit particulièrement bien, dont les meilleurs textes atteignent une force qui ne le cède en rien aux meilleurs auteurs de littérature générale. Ce sont des écrivains qui ont un sens inné du mot et de la phrase, du rythme et de la sonorité justes, qui les font chanter ou qui leur donnent la froideur acérée d’un couteau. Disons-le donc simplement : le principal critère qui m’a servi à dégager ces quatre-là et seulement eux du gros de la troupe est que ce sont tous des littérateurs fantastiques, au sens premier du terme, on pourrait aussi dire merveilleux. Ce critère m’a fait éliminer presque d’emblée Hodgson et Lovecraft, malgré leur qualité unique et le fait que je les apprécie d’un point de vue plus personnel, à cause de leurs aptitudes littéraires de second ou même troisième ordre. Machen est lui un littérateur admirable en revanche mais je ne trouve pas l’intensité, ou le niveau d’intérêt dans sa production, qui pourrait en faire un auteur de premier plan. J’ai également écarté Hoffmann, mais de peu, pour un mélange des deux raisons ; disons qu’il est brouillon quand il est le plus intéressant et qu’il est moins intéressant quand il écrit le mieux (par exemple son conte ‘Le marchand de sable’. Cependant, les quatre premières parties des « Élixirs du diable » méritent absolument d’être lues pour leur originalité, leur ton parfois dostoïevskien avant l’heure, tout à fait étrange dans le cadre de cette espèce d’opéra sabbatique. James écrit admirablement bien lui aussi mais ses meilleurs textes dit fantastiques ne le sont pas vraiment selon moi, y compris « Le tour d’écrou ». Personnellement, je classe ce livre, de même que le remarquable ‘La bête dans la jungle’ dans le genre ‘études des psychoses ordinaires et extraordinaires’ ; c’est également le cas du ‘Double’ de Dostoïevski. Avec Kafka et Gogol, j’ai presque toujours l’impression de lire quelque sorte d’allégorie ou de fable satirique plutôt qu’un récit fantastique au sens français du terme (« l’irruption de l’inadmissible dans le cours inaltérable de la légalité quotidienne »). C’est encore plus flagrant dans les cas de ces monstres littéraires que sont Dante, Cervantès et Melville. Wells tire quant à lui trop sur la science-fiction. Pour Stevenson, dont j’apprécie pourtant beaucoup Olalla Des Montagnes, sauf la confession finale qui sonne aussi faux qu’un dialogue de Flaubert, je n’ai pas d’autre raison que mon arbitraire. Enfin, j’ai écarté Gene Wolfe à regret mais il faut laisser le temps à la postérité de faire son œuvre avant de l’intégrer dans un palmarès de grands maîtres : dans un demi-siècle, si ce monde existe encore, on en reparlera…

    Pour changer, je vais remonter le temps et donc commencer par le dernier né, Borges. Certains pourraient arguer que l’Argentin est tout aussi allégorique que Kafka dans une bonne part de ses textes et je me suis fait d’ailleurs cette réflexion (comme c’est bizarre !) avant de la balayer devant l’évidence : quand je lis les meilleurs récits de cet auteur, contenus dans ses deux premiers recueils, ‘Fictions’ et ‘L’aleph’, leur qualité et leur ambiance fantastique ne me laissent aucun doute. En fait, la personnalité incroyablement glacée et hautaine, disons-le surnaturelle, de son narrateur-auteur suffit selon moi à ranger tous ses premiers textes dans le rayon fantastique. J’irai même jusqu’à affirmer que le seul personnage de fiction réussi de toute la carrière littéraire de Borges est ce personnage de l’auteur invisible, en partie fictionnel, qui donne ce halo surnaturel aux deux recueils cités. Le sentiment le plus fort dans la majorité de ces textes est la haine, en particulier dans le premier recueil, sentiment peu présentable dans la bonne société, que Borges masque donc habilement sous les dehors de l’érudition la plus savante et du dilettantisme dandy. Je recommande la lecture intégrale de ce recueil malgré les nombreux fruits empoisonnés de belladone qu’il contient : c’est une expérience sans pareille. Un antidote pour les lecteurs les plus atteints, les nauséeux et les migraineux, se trouvera facilement dans les romans les plus mélodramatiques de Dickens, ou éventuellement, ceux de Miss Austen. En revanche, une forte contre-indication thérapeutique est la lecture de Lolita ou de tout autre livre de Nabokov après ou en même temps que ces deux recueils de nouvelles : ce serait ajouter le mal au mal et il n’y a rien d’homéopathique dans ces doses-là.
Outre le recueil Fictions, je recommande chaudement du même auteur la première et la dernière nouvelle du recueil suivant, L’Aleph. Toutes les fictions postérieures sont dispensables, mais bégnines et sans grand danger. Parmi les autres réussites de l’auteur, mais on n’est plus dans le fantastique, je citerai « Le Livre des Préfaces » ainsi que « Une Histoire de l’Infamie ».

    J’ai consacré un article à Maupassant ici. Je ne reviendrai pas trop donc sur le Horla, son chef d’œuvre, qui d’ailleurs tire plus selon moi sur la science-fiction que le fantastique. Je sais qu’il est traditionnel de minorer l’aspect fantastique d’une part importante de l’œuvre de cet auteur, importante au moins sur le plan de la qualité, et d’exagérer son aspect relevant de la psychiatrie. Il y a un courant d’interprétations qui font en effet de ses meilleurs récits fantastiques un simple symptôme de l’aliénation mentale du narrateur. Dans ce cadre d’idées, tout ce qui est surnaturel dans ces récits serait en en fait des délires de fou. Et il est très probable que Maupassant a joué là-dessus pour créer un malaise chez le lecteur due à l’ambiguïté. Néanmoins, outre que ça n’a pas grand intérêt, on trouve presque à chaque fois un caractère objectif aux visions ou mésaventures du protagoniste de ces récits, même lorsqu’il en est le narrateur, qui en font à mon avis de vrais textes fantastiques. On peut, à mon avis, expliquer rationnement tous les événements mystérieux du Tour d’Écrou de James par la maladie mentale de la protagoniste mais c’est beaucoup plus difficile pour les textes fantastiques de Maupassant. Et je répète ce que j’ai dit ailleurs* : le fait incontestable que l’auteur a terminé sa vie irrémédiablement fou n’est pas la preuve que ses protagonistes le soient. Il y a un abîme entre la folie clinique et l’état mental assez banal de ses personnages.
La qualité qui saute le plus aux yeux de ces textes, souvent parmi les meilleurs de l’auteur, est, paradoxalement, le naturel. En fait le terme de naturaliste colle bien mieux à Maupassant qu’à Zola ou à Flaubert. Ce n’est pas seulement le type de récits et de personnages qui donnent cette ambiance mais le style même, tellement plus naturel (et disons-le talentueux) que celui de ses deux confrères. Quant à ses qualités de conteur, elles sont très supérieures également aux deux cités. Sa capacité à évoquer tout un monde en quelques lignes est d’ailleurs sans égal chez les romanciers et nouvellistes francophones. Naturellement, quand vous avez un tel don, pourquoi écrire de gros romans ? Pourquoi écrire des romans tout court ? Maupassant a dû se poser la question bien des fois. Mais évidemment, il y a toujours une bonne raison pour ça : pour l’argent, la reconnaissance, la gloire, etc. C’est un point commun qu’il partage avec l’auteur précédent, ce goût et cette capacité à la concision, de même que sa virtuosité stylistique. C’est à peu près les seuls d’ailleurs, le monde de Maupassant étant diamétralement opposé à celui de l’Argentin, qui, comme on sait, détestait tout ce qui ressemblait à de la psychologie, à du réalisme, sans parler de naturalisme.
Les meilleurs récits fantastiques de Maupassant sont faciles à trouver, réunis presque sans faute dans diverses compilations : ‘Le Horla’, ‘Qui Sait ?’, ‘La Nuit’, ‘La Chevelure’, ‘Lui ?’, ‘Apparition’, ‘L’auberge’.

    Le seul lien tangible que je peux trouver entre l’écrivain français et l’auteur suivant, Le Fanu, est la nouvelle plus mineure de Maupassant, intitulée La Main (faisant elle-même suite à un premier essai sans doute moyennement concluant aux yeux de l’auteur, intitulé La Main d’Écorché) dont l’argument est clairement repris d’un conte fantastique inclus dans le roman de Le Fanu ‘La Maison Près Du Cimetière’ (ce conte, excellent et terrible, a aussi inspiré la nouvelle fameuse de William Harvey ‘La Bête À Cinq Doigts’). On pourrait aussi noter chez ces deux auteurs un certain goût commun pour les choses de la nature, dans leurs notations précises révélant une réelle connaissance du terrain, mais chez l’Irlandais, l’ambiance est nettement plus brumeuse et romantique sinon victorienne.
Le Fanu n’est pas l’écrivain anglophone de fantaisies typique. Contrairement à l’immense majorité de ses pairs, il est bien plus focalisé sur les personnages que sur l’intrigue. Et cette caractéristique lui vaut aussi bien des chefs d’œuvre aussi peu contestables que ‘L’Oncle Silas’ que des demi-ratages comme ‘The Evil Guest’, pas traduit en français à ma connaissance, ou de longs textes plutôt dépourvus d’événements comme ‘Le Baronnet Hanté’. Mais dénué d’événements ou à demi-raté ne veut pas dire inintéressant. En fait ces deux derniers textes sont très intéressants et personnellement, je mettrai certainement le second parmi les plus marquants de l’auteur. Ceci dit, Le Fanu est aussi l’auteur de romans ou de novellas fourmillant d’intrigues et de coups de théâtre. Le roman déjà cité ‘La Maison Près du Cimetière’, hors norme et rétif à toute classification, en contient à profusion et une année de la vie de la malheureuse héroïne de ‘L’Oncle Silas’ comprend plus de mésaventures que toute une vie du quidam moyen. C’est aussi vrai du protagoniste malchanceux de ‘La Chambre Du Dragon Volant’, dont le récit se déroule en quelques jours. Tous les textes que je viens de citer sont excellents. Néanmoins ce n’est pas ici que l’inspiration de cet auteur est la plus centrale, si je puis dire. Les récits les plus personnels de Le Fanu, souvent les plus émouvants, pour une raison assez mystérieuse, sont des récits de fantômes ou de revenants. Ce thème apparemment cher aux Irlandais semble assez mince à première vue mais chez cet auteur, il prend une diversité de formes et atteint parfois une intensité digne des plus grands écrivains. Un vampire est à coup sûr une sorte de revenant et donc le célèbre Carmilla fait partie de ces réussites.
Le Fanu est encore plus atypique pour un écrivain anglophone dans sa prédilection pour les personnages féminins et l’exactitude de leur rendu. On peut à cet égard le comparer sans exagération à James. Le fait qu’il n’ait eu que des filles en tant que père n’y est probablement pas pour rien mais ne suffit pas à expliquer la qualité et le charme de personnages plus mûrs comme la gouvernante française d’Oncle Silas, Madame Crowl, ainsi que nombre de personnages contenus dans Le Baronet Hanté.
Contrairement aux deux écrivains précédents, Le Fanu n’est pas moins à l’aise sur les longues distances que sur les courtes et il est l’auteur d’excellents romans, comme les deux que j’ai déjà cités. Leur seul défaut, si on peut dire, est que ce ne sont pas des livres fantastiques mais des « mystery novels », un genre anglo-saxon très victorien qui n’a pas d’équivalent exact en langue française (même les romans de Gaston Leroux et ses disciples sont différents dans la forme comme dans le fond). Ses grandes qualités stylistiques se remarquent autant dans sa narration que dans ses dialogues, particulièrement brillants dans La maison près du cimetière, qui ont de toute évidence inspiré son compatriote Joyce pour son fameux monologue d’Ulysse (tout le livre, ou du moins la grande partie que j’ai lue, est un monologue géant).
Néanmoins, si je ne devais garder qu’un seul livre de cet auteur, ce serait ‘Les Créatures Du Miroir’, traduction libre de ‘In A Glass Darkly’, un recueil de novellas publié un an avant sa mort. Tous les textes contenus dedans sont remarquables. Ils présentent de plus une palette très large des talents littéraires de l’auteur, que ce soit le récit un peu sec, presque naturaliste de ‘Thé Vert’ ou du ‘Familier’, les aventures échevelées de ‘La Chambre Du Dragon Volant’, l’univers poétique boschien, très haut en couleurs donc, du ‘Juge Harbottle’ ou le gothique flamboyant teinté d’érotisme de ‘Carmilla’.
Les autres récits non encore cités de Le Fanu que je ferais rentrer dans un best of sont ‘Shalken Le Peintre’, ‘Le Mystérieux Locataire’ (bien que ce soit clairement un récit de jeunesse) à ne surtout pas confondre avec ‘The Evil Guest’, ‘Le Fantôme De Madame Crowl’, ‘Le Marché De Sir Dominick’ et ‘Le Sacristain Mort’. En revanche, malgré ma prédilection, je n’inclurais pas ‘Le Baronet Hanté’, qui semble très peu fait pour le goût moderne.

    Des quatre, Edgar Poe est le plus complet des auteurs fantastiques. Il aura pratiqué tous les tons, tous les sous-genres du fantastique. Il aura aussi largement dépassé les frontières du genre. En fait, ce qu’on range maintenant dans ses prétendus contes fantastiques peut être divisé en quatre genres au minimum : l’enquête plus ou moins policière, le conte ou l’aventure épouvantable, l’allégorie, le grotesque (pour reprendre la dénomination de Beaudelaire).
Des histoires d’enquête, celles où le héros doit résoudre une énigme, je vais dire tout de suite laquelle est ma préférée et en fait la seule que je rangerais parmi les chefs d’œuvre de l’auteur, bien qu’elle soit rangée ordinairement dans les articles de non-fiction : c’est "Maelzel's Chess Player". Selon moi, il s'agit d'un des meilleurs contes de Poe et à coup sûr la meilleure enquête policière, la plus convaincante, la plus impressionnante que j'ai lue sous sa plume. Je ne dois pas être le seul car Gene Wolfe a repris l'idée pour en faire une nouvelle de fantasy ou de SF (j'hésite encore) intitulée "The marvellous Brass Chessplaying Automaton", très bien écrite et distrayante mais quelque peu inférieure à la sèche démonstration de l’originale. J’ai toujours aussi du plaisir à relire ‘The Gold-bug’. En revanche, je ne suis pas fan de Dupin. On pourra me dire certainement avec raison qu’il est le précurseur de tous les célèbres héros détectives qui viendront après lui, cela ne les rend pas plus crédibles. Même ‘The Purloined Letter’, la meilleure de ses histoires et la mieux écrite, me laisse dubitatif. Poe ignore visiblement ou veut ignorer comment fonctionne véritablement la police. Cette absence complet de réalisme n’était sans doute pas un problème pour le lecteur du début du dix-neuvième siècle, c’en est devenu un pour le lecteur moderne. Ce genre qui a peut-être plus contribué que tout autre à sa célébrité, au moins dans les manuels d’histoire littéraire, est d’ailleurs le moins représenté dans son œuvre, pas plus d’une demi-douzaine de nouvelles sur un total de soixante-treize, ce qui signifie peut-être qu’il n’était pas essentiel dans l’esprit de Poe.
Les contes allégoriques et/ou métaphysiques sont des contes où l’essentiel est plus ou moins caché et où le lecteur doit faire un effort s’il veut en tirer toute la substantifique moelle. Ce ne sont évidemment pas les plus populaires de l’auteur. On peut dire que Poe est aussi un précurseur pour ce genre de contes qui verra plus tard œuvrer à l’intérieur des gens de grande qualité comme Dunsany, Borges ou plus récemment Gene Wolfe. On peut citer ‘The Masque Of The Red Death’, ‘The Fall Of The House Of Usher’ ou ‘William Wilson’. Ce genre exige la concision et le format court si on ne veut pas abandonner le lecteur en route et il se trreouve que Poe n’est jamais aussi bon que lorsqu’il est concis et bref. Ma préférée dans le genre, de loin, est ‘Ligeia’ : c’est ce que Gérard De Nerval aurait voulu écrire, je crois bien, mais sans jamais y réussir, faute de concision sans doute mais surtout d’efficacité narrative.
Le genre dans lequel Poe a le plus œuvré au final est le grotesque, dans lequel je range ses nouvelles humoristiques ou satiriques. Curieusement, c’est le genre pour lequel il est le moins connu. C’est bien dommage car Poe est un des conteurs les plus drôles qui soient ; à peu près toutes les gammes de l’humour sont à son répertoire, du canular à la satire féroce en passant par la farce simple et le loufoque le plus débridé. Difficile de citer toutes ses réussites dans le genre tant elles sont nombreuses mais je ressortirais plus spécialement ‘Never Bet The Devil Your Head’, ‘Why The Little Frenchman Wears His Hand In A Sling’, ‘How to Write A Blackwood Article’ ou ‘The System Of Doctor Tarr And Professor Fether’.
Néanmoins, là où Poe donne son meilleur, ce qui se traduit par une agréable simplification de son style (qui parfois tend vers la préciosité) est le conte ou l’aventure horrifiante. Son texte le plus long, qu’on le qualifie de longue novella ou de court roman, ‘Narrative Of A Gordon Pym’, est un mélange d’aventures horrifiantes (très horrifiantes même, tant Poe se plait à empiler toutes les horreurs imaginables dans le cadre d’un voyage clandestin en bateau). Le narrateur parvient même à être enterré vivant, ce qui sur un bateau, tient de la malchance la plus insigne. Les derniers chapitres, les plus révérés à juste titre, ceux où le héros entre dans le pays du géant blanc, appartient plus à ce que j’ai nommé le conte métaphysique ou allégorique. Toutefois, le texte souffre à mon avis premièrement de sa longueur excessive, secondement d’un parti pris bizarre de Poe, qui nous délivre tous les dialogues sous forme indirecte. Sur la longueur d’une nouvelle assez courte, cela peut passer mais pas sur la longueur d’un roman. De plus, comme je l’ai laissé entendre, il y a un empilement d’anecdotes toutes plus horribles les unes que les autres qui lasse un peu. Pour les histoires de vaisseaux fantômes, par exemple, William Hope Hodgson est nettement plus convaincant.
C’est donc sous la forme de ses histoires courtes, qui sont aussi ses plus effrayantes, que Poe a donné ses plus grands chef d’œuvre de fiction puisque la grandeur en art n’est pas proportionnelle au nombre de pages (je le rappelle à toutes fins utiles) : ‘The tell-tale Heart’, ‘The Black Cat’, ‘The Pit And The Pendulum’.

Autre article sur Le Fanu: ici.

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