samedi 23 janvier 2021

Premier Cercle de l’Enfer : Fille des Étoiles, alias la Fille de Lucifer

 



Fille des Étoiles est un titre kitsch. Je l’ai néanmoins préféré à La Fille de Lucifer, qui aurait été tout aussi kitsch et en plus lourdement gothique. La lourdeur du gothisme ne me convenait pas, encore moins un gothisme lourd. Bien que Fille des Étoiles est un roman sombre dans l’ensemble — même la fin n’est pas si rose si vous y réfléchissez à deux fois — il est plutôt léger, presque éthéré à certains moments.

Toutefois, le titre que je me suis refusé aurait eu le mérite de la clarté. Le roman raconte effectivement les tribulations de la fille de Lucifer, ce qui paraît tout indiqué pour commencer une série portant le titre de Sept Cercles De L’Enfer. J’ai renouvelé la vieille mythologie à la sauce SF. Lucifer est devenu un extraterrestre métamorphe quasi immortel, dont le nom est Drev, transformé en Andreï Tcherniev pour les besoins de sa naturalisation (mais on peut supposer qu’il a dû avoir bien d’autres noms avant celui-ci). Andreï Tcherniev peut d’ailleurs se traduire par L’Homme Noir. Pourtant, ce n’est pas tant la noirceur du diable qui m’occupe ici que le sens premier de ce nom : Lucifer = porteur de lumière. C’est donc lui, grâce à un savoir venu d’ailleurs et au nombre gigantesque de ses années, qui apporte la clé des étoiles à l’humanité. Néanmoins, comme c’est Lucifer, il ne le fait évidemment pas pour notre bien mais seulement par intérêt personnel. Comme a dit Hugo, Satan est celui qui toujours fait le bien en voulant faire le mal (le toujours étant peut-être de trop mais allez savoir avec ces poètes). Drev a comme dans la légende été chassé, exilé de son monde, déchu de ses droits et possessions, rendu incapable de voyager à nouveau dans l’espace. Et bien entendu, il désire se venger. Dans ce cas, sa vengeance sera un plat qui se mange très froid, qu’il ne mangera en fait pas du tout puisque si elle a lieu, elle ne pourra se faire que par procuration.

Dans mon récit, il commet un autre genre de bien involontaire en faisant une fille, à sa plus grande surprise, sûr que rien ne pourrait sortir de l’union d’un extraterrestre et d’une terrienne. Mais le fait que Drev soit métamorphe joue sûrement un rôle là-dedans. Peut-être que ses gènes eux-mêmes se sont métamorphosés pour convenir à ceux de la terrienne aimée (car il est capable d’aimer dans mon histoire), ce qui expliquerait qu’il perde aussi son immortalité à la naissance de Nat, la Fille des Étoiles en question, la clé pourrait-on dire (peut-être aurais-je dû appeler ce livre La Clé des Étoiles : trop tard).

Nat ressemble à son père physiquement : elle est donc très belle, blonde, lumineuse, et vieillit plus lentement que ses compagnes de voyage sans être éternelle. Elle a aussi quelques pouvoirs de métamorphose, beaucoup plus réduits que ceux de son père. Ainsi, dans un moment d’émotion extrême, elle peut reconfigurer sa main pour s’enlever une lame plantée dedans, entre les os, ou changer de sexe quand elle dort et rêve, probablement. Pour le caractère, elle doit ressembler à sa mère, suppose-t-on. Elle déteste son père ou dit le détester. Mais on notera au cours du roman des points communs entre la fille et le père, comme un air de famille, en particulier sa faculté pour raconter des histoires. Elle n’est en tout cas certainement pas diabolique. C’est plutôt une fille assez ordinaire, accablée par son diable de père, plongée dans une situation qui ne l’est pas du tout.

Ne pouvant voyager plus loin que l’atmosphère terrestre, et encore grâce à un stock de médicaments, sans doute de sa propre fabrication (Andreï Tcherniev porte le titre de Docteur), il envoie donc sa fille vers les étoiles avec d’autres camarades de son âge, issues d’un programme d’amélioration génétique, accompagnée d’un psy humain, à la solde du père, et d’une bande de robots humanoïdes formant l’encadrement de l’équipage. L’amélioration est évidemment très relative. Elle n’est conçue que pour leur permettre de supporter les rigueurs inhumaines du voyage spatial. Certains jugeraient qu’elles sont des monstres. Leurs frères sont également améliorés mais dans un objectif différent, celui d’être des sortes de super-guerriers, destinés à conquérir et subjuguer ceux qui ont condamné Drev à l’exil. Comme ils sont incapables de supporter les rayons cosmiques, ils sont enfermés durant tout le trajet dans des caissons de sommeil : on les appelle les Dormeurs.

Mais tout cela arrive bien trop tard. La civilisation qui a condamné Drev n’existe plus et sans doute depuis longtemps quand le vaisseau, La Matriochka, arrive enfin à destination (mais pas à bon port, ce serait vraiment trop dire). Drev ne le saura jamais mais il n’aura pas sa vengeance : son plan, comme toujours a échoué. Son clone, Drev Dwight-Dir (ou Drev 22, alias commandant Andros) qui ne peut en aucun cas être une continuité de l’entité Drev (quand vous mourez, vous mourez : point final) et le veut encore moins, le trahira et préfèrera prendre la fille de l’air que de suivre le “Grand Destin” que lui avait tracé son procréateur. Quant à sa fille, elle fera tout ce qu’elle peut pour redresser le mal du père.

Et finalement, comme dans les contes de fées, elle se mariera avec un indigène de la nouvelle planète, métamorphe évidemment, sera très heureuse et aura beaucoup d’enfants roses et bleus.

Autre article sur ce livre : ici.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour recevoir les réponses à votre commentaire dans votre boîte mail, cliquez sur "m'informer"