dimanche 14 février 2021

Quand le paquebot France coule et les passagers applaudissent

 

Comme chacun sait, Satan est le père du mensonge. Peu m’importe la véracité littérale du vieil adage. Simple métaphore ou réel esprit séditieux, le diable peut être fier de ses élèves car ils n’ont jamais, à aucune autre époque, été aussi fidèles à l’enseignement de leur bon maître. Aujourd’hui, le mensonge a tout envahi, sous toutes ses formes, et particulièrement les plus vicieuses : endoctrinement de la jeunesse, propagande tous azimuts, trucages, escamotages, enfumage, si bien qu’il est devenu quasi impossible de se reposer sur l’autorité pour démêler le vrai du faux sur aucun sujet qui compte. Le problème est qu’il n’y a plus de repères quand même les idéalistes, les progressistes (sans ironie) utilisent les mêmes méthodes que leurs adversaires, voire pire, croyant ainsi faire avancer leur cause. Les repères habituels, les boussoles ne servent plus à rien dans un tel monde sens dessus dessous et c’est celui qu’on vit. Seule une étoile peut encore vous servir de guide, à condition de bien la choisir et de la garder contre vents et marées.

La grande majorité des gens, dont je fais partie, sont incrédules devant un tel étalage de mensonges venant du plus haut niveau, débités en flots incessants par les organes du pouvoir : éducation nationale, grands médias télévisés, journaux largement subventionnés par l’Etat, experts scientifiques triés (par ces mêmes médias). On ne peut pas y croire. C’est la réaction naturelle de l’homme honnête et pour la plupart, nous sommes honnêtes, sans excès certes mais le mieux est l’ennemi du bien. Et c’est bien là-dessus que comptent les escrocs, politiciens, illusionnistes de tout poil. On ne peut pas croire que le monsieur Loyal au devant de la scène qui nous assure qu’il n’y a ni trappe cachée dans le plancher ni miroirs dans l’ombre est un menteur patenté. On ne peut pas croire qu’il soit le complice de l’illusionniste et que ce tour extraordinaire a pour base un ressort des plus ordinaires, notre crédulité, notre incapacité à admettre l’énormité du mensonge.

On ne peut pas y croire car les menteurs de ce type, qui peuvent vous mentir sans l’ombre d’un scrupule, sans un battement de cil, sont rares. Aussi rares que les tueurs maniaques, ceux qui peuvent tuer non par une circonstance exceptionnelle, comme durant une guerre, par accident ou par légitime défense, mais par goût et par plaisir.

La ressemblance entre nos sociétés occidentales et celle imaginée par Orwell dans 1984 est de plus en plus frappante. La dystopie qu’on aurait cru incroyable par chez nous il y a quelques décennies, où plus rien n’a de sens, où l’Histoire est sans cesse réécrite, où la vérité s’ajuste sans cesse aux besoins du gouvernement, le cauchemar ultime s’approche à pas de loups. La double pensée, le ministère de la Vérité et le ministère de la Peur sont déjà bien installés, quoiqu’un peu plus discrets que dans leur version orwellienne, en attendant, peut-être, le ministère de l’Amour.

Dans le cas de la magie, distraction vénielle et tout à fait licite, il y a à coup sûr complot entre l’illusionniste et le monsieur Loyal et, si ça ne suffit pas, avec quelques membres du public soigneusement choisis “au hasard”. En est-il de même pour l’illusionniste du sommet de l’État, son compère aboyeur déjà nommé et les candides, idiots utiles, comme les 150 de la Convention Citoyenne ? Difficile à dire. Sur cette vaste scène dont je parle, les acteurs sont tellement plus nombreux, les intérêts tellement plus ramifiés que la chaîne des responsabilités devient illisible. Est-ce que le pouvoir sait lui-même ce qu’il fait, ou même ce qu’il veut ? On peut en douter parfois. Peut-être est-il juste lâche, corrompu, incompétent, sauf d’évidence pour se faire réélire. En fait le peut-être est de trop pour ce qui est de la corruption. Bien entendu, il suit son intérêt, comme tout le monde me direz-vous, mais au détriment des intérêts du pays et de ses habitants (sauf la garde rapprochée bien sûr). Pourtant une chose est certaine, il sait ou sent que la fin est proche, car il est le mieux placé pour savoir que le bateau qu’il commande est en train de sombrer. Et que fait-il dans ces moments-là ? Eh bien il pille les maigres stocks naturellement. Il racle tout ce qui a de la valeur pendant qu’il en est encore temps, ce qui est à portée de main, à savoir d’abord les deniers publics. Avez-vous noté que les députés, qui ne servaient déjà plus à grand-chose dans ce pays, se sont discrètement (puisque les grands médias savent aussi se montrer très discrets quand ils veulent) votés une augmentation mensuelle de leurs frais courants de 15%, au beau milieu de la catastrophe économique, sociale en cours ? 15 % pour un député, ça fait 2750 euros d’augmentation sur un mois en valeur absolue. Et pour quoi faire ? Pour envoyer des vœux de bonne année (tu parles !) à leurs électeurs potentiels, pour s’acheter un ordinateur puisqu’il est évident qu’ils n’en ont pas déjà.

Dans un pays à peu près sain, quand on entre dans une époque de grande tribulation, on se serre les coudes et la ceinture. Dans un pays au bord du chaos, moralement exsangue, sans foi et bientôt sans loi, proche du déclin final, c’est exactement le contraire qui se passe, c’est sauve-qui peut et chacun pour soi.

Le navire France est en train de couler et même pas sûr que les Norvégiens ou, cette fois, les Chinois le renfloueront.

Sans doute en ferons-nous un musée pour touristes, après les Grecs et les Égyptiens. Quel avenir ! Mon conseil de survie : commencez à apprendre l’anglais, le russe ou le chinois si vous n’êtes pas déjà calé dans ces langues.

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