Pas de chance pour Sid! (détail) |
Dans l’optique de réaliser un nouveau livre d’art, plus
centré sur les voyages très spéciaux que le précédent, j’ai commencé une série de peintures cherchant à
représenter l’inconnu le plus dépaysant tout en restant dans les bornes non
seulement du possible mais du prouvé. Il est en effet maintenant certain que de
nombreuses planètes existent autour de la plupart des étoiles de notre ciel et
que certaines d’entre elles sont rocheuses. Parmi ces dernières, une fraction
possède une atmosphère, parfois de l’eau à l’état liquide. Et comme les étoiles
visibles et invisibles sont presque innombrables, ces fractions, aussi petites
se révèleraient-elles être, fourniront toujours un nombre absolu considérable
de mondes potentiellement intéressants. La question de la vie sur de tels
mondes est évidemment beaucoup plus problématique et incertaine. Et surtout, il
est probable que nous n’irons jamais sur la grande majorité de ces planètes
pour vérifier.
Aussi, autant s’y rendre en imagination. C’est ce que j’ai
fait.
Un des premiers renseignements que nous a fournis la
recherche systématique d’exoplanètes est la nature très diverse, beaucoup plus
diverse qu’on ne le croyait auparavant, des systèmes stellaires et de leurs
planètes. Beaucoup de choses qu’on tenait pour impossible se sont non seulement
révélées possibles mais probables, voire prouvées. On me pardonnera donc les
éventuelles petites libertés que j’ai pu prendre ici et là, et si je n’ai pas
toujours respecté scrupuleusement les données de la science actuelle qui sera
bientôt la science d’hier. Il semble à cet égard que ce qu’on croyait être le
modèle type de tous les systèmes, le nôtre, soit en fait très particulier, très
excentrique, anormal pourrait-on dire à la réflexion, et pas seulement pour le
fait déjà considérable en soi qu’il accueille un monde plutôt habitable en
somme, et d’ailleurs habité. D’un autre côté, cela nous apprend que notre
imagination ne devrait pas être bornée aux huit planètes qu’on connaît un peu
ou beaucoup. La découverte en images très récente de Pluton et de son acolyte
Charron nous en a offert une assez belle illustration. Qui aurait prédit que
des mondes aussi peu prometteurs, aussi éloignés du Soleil, aussi solitaires et
glacés dans leur immense ceinture de Kuiper, et aussi petits, pouvaient
présenter autant de particularités remarquables ? Nous nous étions dits, assez
bêtement, mais de façon très prévisible : ces mondes sont plus petits que
Mercure qui est déjà très laid et très ennuyeux, aussi petits que la lune qui n’est
pas laide certes, vue de Terre, mais encore plus grise, déserte et ennuyeuse vue
de près que Mercure (quelle idée de vouloir y retourner !) ; donc
Pluton est désert, gris, moche, froid, morne et ennuyeux. D’ailleurs, il porte
le nom du dieu romain des enfers, un type très ennuyeux. D’ailleurs ce n’est
même pas une planète.
Eh bien c’était une erreur : Pluton valait certainement
le coup d’œil. Peut-être mieux que cela même.
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