lundi 25 décembre 2023

Le grand noir tombé du ciel et autres voyageurs insolites : genèse et révélations

 

Jaquette du livre broché




    Ce recueil est, selon mon décompte, le dix-septième livre que je publie mais celui que j’ai écrit en premier, de très loin, en ce qui concerne le gros de la matière. En cette fin d’année de 2023, ou parfois un peu avant, je n’ai eu à procéder qu’à un très léger toilettage pour la majorité des textes, au nombre de vingt-cinq, sauf quelques exceptions où je peux estimer avoir apporté un changement substantiel. Les plus précoces doivent remonter au tout début des années 90, c’est-à-dire il y a des siècles, mais je me suis aperçu que j’étais toujours d’accord avec moi-même sur l’essentiel si tant est qu’on puisse dire que je suis réellement le responsable de l’idée de ces textes (je n’en suis toujours pas sûr).
    Mon but original était des plus grossiers : faire rentrer dans un recueil cohérent la plupart des nouvelles que je n’avais pas déjà publiées, exceptées sur mon blog ou d’autres sites à faible durée d'impact (deux ou trois textes ont toutefois été inclus dans mes précédents recueils, à peu près introuvables aujourd’hui). J’ai exclu les novellas, que j’ai l’habitude de publier à part car elles relèvent toutes de la science-fiction, généralement très pure, alors que mes nouvelles plus courtes, allez savoir pourquoi, sont tout sauf ça (si on excepte parfois une vague teinture futuriste souvent plaquée après coup). En cours de route, je me suis aperçu que le thème dominant qui ressortait de ces récits, sans parler de leur ambiance fantastique commune de toute façon à l’ensemble de mes productions littéraires, était le voyage et que ce thème était encore plus palpable dans ce que j’appelle mes petites proses poétiques qui datent à peu près de la même époque : j’ai donc eu l’idée d’adjoindre toute une série de poésies, ce qui me permettait aussi d’obtenir un livre d’un volume assez honorable. Quant au fait, évident en soi, que la poésie n’est vraiment pas un gage de succès d’édition, cela ne m’a pas longtemps gêné vu que je suis mon propre éditeur et que le commerce n’est pas pour moi, jusqu’à présent, une question de subsistance.
    La transition entre la première partie consacrée aux récits et la seconde comprenant les poésies était facile à trouver puisque la seconde commence là où se termine la première, à peu de choses près. Le titre devenait alors évident puisque Abe Tsumbo est chez moi le voyageur par excellence, un voyageur clairement tombé du ciel. C’est donc, vous l’aurez compris, un des tout premiers personnages que j’ai imaginés et celui auquel j’aurais finalement consacré le plus de textes (cinq si on compte Les Voyages d’Abe Tsumbo pour la somme de deux longs récits indépendants, ce qui est en fait le cas).
La partie « récits » est assez simple : il s’agit de nouvelles assez classiques dans leur forme sauf une, L’ange qui apparut à Jonas (un grand voyageur au moyen de locomotion le plus insolite de la Bible), que j’ai incluse dedans mais qui aurait probablement pu tout aussi bien convenir à ma seconde partie.
    La partie « poésies » mérite sans doute un peu plus d’explications. Personnellement, j’ai beaucoup de mal à distinguer entre prose et poésie. J’ai tenté d’expliquer dans cet article-là ce qui est l’essence de la poésie, sa véritable musique, et qui n’a évidemment pas l’ombre d’un lien avec le nombre de pieds ou l’art dérisoire de la rime. Néanmoins, conscient que beaucoup n’ont pas ma largeur de vues, j’ai rangé tout ce qui avait des vers, classiques, blancs ou libres, des versets, ou dont le récit par trop bref omettait soit le début soit la fin soit le milieu, dans la partie « poésies ». Et encore, cela n’explique pas pourquoi j’ai considéré que Tu’Es’Roc, par exemple, n’était pas un « récit » mais une « poésie ». Peut-être parce qu’il semble un poil trop énigmatique (même pour moi). Disons-le clairement, certaines de ces poésies, de ces petites proses poétiques, sont des rêves, de ceux qu’on a en dormant, et je n’en ai pas plus que le lecteur les secrets de fabrication. Ou pour être plus exact, ce sont des traductions littéraires de rêves, dont le tissu est naturellement beaucoup trop subtil pour être dicible, réductible à des mots. Freud a bien sûr le droit de chercher une signification aux rêves mais la mesquinerie de ses obsessions personnelles et l’intérêt de sa profession conjuguées ont transformé ces mystérieux aérolithes de la psyché en des objets d’études ridicules. Oh, tous les rêves ne valent pas la peine de l’écrivain, loin de là, tous ne volent pas haut. Mais quand il vous en arrive un de ces bolides éclatants qu’on dirait venus du ciel, ce serait une faute majeure pour un artiste de ne pas au moins essayer de l’apprivoiser, d’en faire une créature quelque peu présentable, sinon domesticable.
    Certains des textes inclus dans ce recueil ont eu une genèse compliquée, basée sur de très anciens textes (à l’échelle d’une vie humaine) et ne doivent leur achèvement qu’à une de ces révélations récentes mentionnées dans le sous-titre humoristique de cet article. C’est tout particulièrement le cas de Desseins éternels, dont j’ai donné la ou plutôt les clefs ici. Un autre est Passant d’enfer, dont la guerre en Ukraine, événement très actuel donc, a nettement changé le cours, qui disparaissait autrefois sans jamais atteindre la mer (je ne pouvais prévoir que j’aurais la fin, le débouchement du récit, des décennies plus tard). D’autres textes, la grande majorité en fait, ont bénéficié d’un accouchement rapide et sans douleur ; généralement, ce sont ceux qui ont le moins besoin de retouches.

Le livre est disponible ici.


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