jeudi 19 juin 2025

La plus grande guerre (mondiale) est toujours… la dernière — le plus grand homme politique du dernier millénaire était… un nain

     Comme les plus fins observateurs l’ont noté — ou ceux, presque aussi fins, qui ont lu mes vingt-trois articles parus sous le libellé "transformation de notre monde" — nous vivons un moment charnière de l’Histoire. L’Histoire de l’Humanité. Quelle chance nous avons ! Ah, bien sûr, ce serait plus stimulant et pour tout dire nettement plus revigorant à contempler depuis une datcha de Sibérie Orientale, ou la grande muraille de Chine, ou même un balcon avec vue à Téhéran. J’avais écrit il y a de cela quelques années dans l’un des articles susmentionnés que l’Empire US (dont nous sommes partie en tant qu’acolyte dispensable et parfaitement sacrifiable) semblait commencer à vaciller. Eh bien nous pouvons maintenant sans crainte nous défaire de cette prudence rhétorique et remplacer vaciller par crouler. L’Empire ne marche pas à sa perte, il court et y court de plus en plus vite. Quel spectacle stupéfiant, à peine croyable, ce doit être pour les Russes ou les Chinois d’observer cette légion de lemmings qui se pressent à qui mieux mieux pour sauter le premier dans le vide. On pensait que c’était une légende, un simple conte pour enfants, et voilà que cela se passe devant nos yeux ! On croyait que ces grands basculement se produisaient sur des siècles et on découvre que cela n’a pris qu’une petite demi-douzaine d’année. On s’imaginait qu’on avait le temps, que la métamorphose procéderait comme l’érosion des montagnes, à tout petits pas continuels, en quelque sorte par une évolution darwinienne et c’est à un bond de géant qu’on assiste, à des montagnes qui se déplacent et courent se jeter dans l’abîme !

Le premier catalyseur de cet effondrement brutal a été la pandémie covid et la décision de l’Occident, invraisemblable à l’époque et toujours incompréhensible aujourd’hui, de saper les fondements même de notre société, aussi bien économiques, sanitaires que politiques, de casser les derniers liens qui subsistaient entre les populations et leurs dirigeants. Depuis, ces mêmes dirigeants (qui n’ont absolument pas changé) opèrent dans un découplage total de leurs peuples qu’ils sont pourtant censés représenter. Consternés mais plein d’un espoir naïf, ces peuples jettent et élisent à tour de rôle leurs leaders de pacotille pour s’apercevoir que rien ne change, que les nouveaux sont des clones des précédents et généralement pires. Un nouveau totalitarisme libre et démocratique s’y est épanoui dans toute sa splendeur. Le second catalyseur a été la guerre d’Ukraine. A partir de ce moment, on a assisté à un vrai concours entre toutes les incompétences rassemblées, à un vrai feu d’artifice à l’envers, c’est-à dire celui où toutes les fusées reviennent à l’envoyeur. Cela est particulièrement flagrant dans l’Eurozone. Et dans ce concours, la France n’est pas loin de prendre la première place, quoiqu’elle ait une concurrence rude juste à sa droite et juste à sa gauche.

Il ne faudrait qu’une goutte de plus, une goutte d’incompétence de plus, pour que la troisième guerre mondiale, qui sera la dernière et d’évidence la plus grande, achève de détruire ce qui est encore debout par ici. Durant ce dernier mois, nous sommes passés deux fois à un fil de ce dénouement abrupt et définitif pour ce qui nous concerne. La première a été quand les services spéciaux ukrainiens, payés, aidés et supervisés par les services spéciaux de l’Empire (CIA en premier lieu) ont exécuté leur attaque de drones sur les cinq bases de bombardiers stratégiques russes. Les bombardiers stratégiques s’appellent ainsi car ils servent à la dissuasion nucléaire. L’attaque n’a pas été aussi concluante que prévue et seuls quelques avions ont été détruits. Mais que se serait-il passé si cela n’avait pas été le cas, et que la Russie ait perdu dans l’opération la totalité ou même les trois quarts de ses bombardiers stratégiques. Si elle avait perdu un des trois piliers sur lesquels est assis sa dissuasion nucléaire. Et qu’aurait-elle pensé du plan occidental ? Si vous n’arrivez toujours pas à visualiser le problème, vous n’avez qu’à inverser protagoniste et antagoniste : mettons donc que ce soient les Russes qui aient tentés de détruire tous les bombardiers statégiques US ; quelle aurait été à votre avis la réaction des USA ? Cela peut-être un préalable à une attaque massive du pays, voilà ce qu’elle aurait pensé. Rien n’assure qu’elle aurait attendu de vérifier si ses craintes étaient fondées. Et voici un fait : la Russie a plusieurs centaines de têtes nucléaires de plus que les USA. Pourquoi ? Parce qu’elle rajoute au nombre des têtes possédées par les US celles possédées par l’Europe, à savoir les roquets de France et d’outre-manche. Et une autre chose est certaine, les premiers visés seront justement ces deux-là. Pourquoi ? Parce que cela servira d’avertissement sans frais au géant d’outre-Atlantique et parce que ce géant, séparé par un océan du champ de ruines, ne prendra certainement pas le risque d’une contre-riposte nucléaire pour venger ses alliés. On le sait depuis longtemps, tel est le destin des alliés des USA. Le second événement qui nous a fait frôler la guerre mondiale est l’attaque israélienne des installations nucléaires militaires (si elles existent) et civiles de l’Iran. Commençons par noter qu’il n’y a en réalité pas plus de preuve de nucléaire militaire en Iran que d’armes de destruction massives en Irak quand Powell venait agiter sa fiole pleine de poudre de perlimpinpin sous les yeux ahuris de L’ONU. En fait, c’est même le contraire, puisque le Pentagone lui-même, et l’IAEA, organisme à la solde de l’Occident, a récemment estimé qu’il n’y avait aucun programme nucléaire militaire en Iran. Notez qu’ils ne parlent pas de bombes mais de programme ! Alors que ces mêmes personnages savent depuis belle lurette qu’il existe non seulement un programme nucléaire militaire en Israël en cours mais aussi des bombes très concrètes elles (généralement évaluées à une grosse centaine). Une autre précision : parmi les cibles nucléaires civiles ciblées par l’attaque israélienne se trouvait une centrale en cours de construction. Et devinez par qui elle est construite : Rosatom. Ce qui signifie qu’il y a obligatoirement du personnel russe sur ce site. Imaginez encore ce qui aurait pu se passer si l’attaque avait été plus "réussie". Enfin, il y a le fait non négligeable qui rend la situation encore plus explosive que l’Iran a signé un partenariat stratégique et militaire avec la Russie.

Les deux événements précédemment cités ont été suivis aussitôt d’échanges téléphoniques entre Trump et Poutine, que même le diplomate le plus blasé ne pourrait qualifier de cordiaux. C’est mieux que rien. Dans les deux cas, Trump a joué la carte de l’irresponsabilité. « Je ne savais pas, les US n’étaient pas au courant, etc. ». C’est une carte particulièrement faible à jouer pour un supposé chef d’Etat. Car pour Poutine, cela ne peut signifier que deux choses : soit tu mens, soit tu n’as réellement pas été mis au courant par tes services, ce qui veut dire que tu n’as aucun pouvoir de décision. Et dans tous les cas, ta crédibilité est égale à zéro. Bien sûr que Poutine sait que les USA sont derrière la provocation ukrainienne et la provocation israélienne. D’ailleurs dans le second cas, Trump n’a pu s’empêcher de se vanter sur les réseaux sociaux (quand il croyait encore que l’opération était « big and beautiful ») qu’il savait tout à l’avance et que tout avait été coordonné entre Israël et son grand patron. Notez qu’il n’est pas sûr qu’il ait dit davantage la vérité la seconde fois que la première; ce genre de personnage préfère être tenu pour un menteur et un criminel que pour un niais (vous n’avez qu’à songer à la bonne Merkel et au bon Hollande qui ont préféré prétendre avoir menti aux Ukrainiens du Donbass en 2014 puis 2015 lors de Minsk 1 et Minsk 2, feignant de tirer les ficelles alors qu’ils se sont simplement aplatis devant la volonté étasunienne) Il faut se résigner à la vérité : Trump est certainement un grand homme de spectacle, un excellent showman, bien meilleur que Zelenski par exemple ; il est aussi un remarquable vendeur de tapis et autres biens immobiliers, à l’instar de son compère et confrère en escroqueries planétaires Musk, mais c’est un homme politique incompétent, qui ne comprend pas les bases de sa fonction. Avec Biden, on savait au moins à quoi s’attendre car nul n’est plus prévisible que ce genre de crapules simples, dont les US nous ont habitué depuis des lustres. Mais qui peut prédire ce que fera ou ne fera pas un idiot incompétent et vaniteux à la tête de l’une des trois puissances mondiales ?

L’incompétence de Trump a été selon moi amplement prouvée durant les quatre premiers mois de son mandat, s’il nous restait un doute après l’échec du premier, et tout particulièrement lors de ce dernier mois. Je ne doute pas de sa sincérité. Il veut certainement faire la paix à sa manière et faire du commerce à sa manière (des manières proches d’un businessman maffioso). Mais peut importe ce qu’il veut, ses bonnes ou mauvaises intentions, son incompétence à ce poste envoie son pays tout droit vers ces régions chaudes aux relents de souffre qu’on ne peut nommer, et par voie express. Bientôt, à l’échelle de l’histoire humaine que j'ai adoptée c’est bientôt, Les USA rejoindront à leur tour ce grand cimetière des civilisations disparues, après les Olmèques, les Mayas, les Aztèques, les Incas, les Egyptiens, les Babyloniens, les Perses zoroastriens, les Grecs, les Romains, les étrusques, les Phéniciens, les Mongols, les Ottomans, les Arabes et les Eurozonés d’Europe.

Tout l’inverse de Trump est un vrai chef d’Etat, un serviteur de son pays, un serviteur de son peuple. Il ne se soucie pas de son image. En fait, c’est même le cadet de ses soucis. Il œuvre le plus souvent dans l’ombre, dans l’ombre des médias et même de la postérité. Il n’a pas d’idéologie fixe. Peu importe qu’il porte le nom de Président, Premier Ministre, Premier Secrétaire, dictateur, roi, empereur, tsar, chancelier, peu importe qu’il soit dit de droite ou dit de gauche, le grand homme d’Etat se pose toujours la même question : quelle politique peut fonctionner ici, non pas dans un monde abstrait et idéal mais maintenant, tout de suite, dans ce pays-là, mon pays ? Qu’est-ce que je peux faire d’utile dans le temps limité où j’ai la charge de tous ces gens qui vivent dans ce pays ? Et il se reconnait toujours à son œuvre : l’amélioration continue des principaux paramètres de vie du peuple qu’il dirige et donc qu’il sert. Parmi tous les grands hommes d’Etat qui ont existé lors du précédent millénaire, l’un d’eux s’est particulièrement distingué. En fait il a procédé à une sorte de miracle vers la fin du vingtième siècle qui pourtant, vu d’Occident, nous a échappé pour l’essentiel, tout occupés que nous sommes à contempler notre nombril et à nous féliciter de notre inénarrable et incomparable démocratie. Une métamorphose pareille n’était jamais arrivée avant, au moins avec cette rapidité spectaculaire. Au lieu cette fois d’assister à ce spectacle grandiose mais quelque peu accablant d’une montagne qui disparaît dans les abysses, l’observateur fin dont je parlais au début de cet article a pu contempler l’apparition puis le soulèvement d’une montagne devant son balcon, bientôt si haute qu’il n’a plus pu voir son sommet, ou qu’il n’a plus voulu le voir, étant donné la gêne qu’il ressentait dans le cou et ailleurs à devoir regarder de bas en haut celui qu’il regardait autrefois de haut en bas.

Naturellement, vous avez deviné que le pays dont je parle est la Chine. Quel prodige incroyable que de transformer en l’espace de quatre décennies un pays arriéré, réellement arriéré sur le plan technologique, un pays du tiers monde promis aux pires famines, en la plus grande puissance économique mondiale, à l’industrie sans rivale possible, tout en tirant de la grande pauvreté huit cents millions de personnes ! Et le grand architecte de cette métamorphose, qui a si bien compris la réponse à la question posée ci-dessus, est un homme relativement inconnu par chez nous, bien qu’il ait été métallo au Creusot et ouvrier à Renault-Billancourt : Deng Xiaoping.

"Xiaoping" au sommet de sa forme : le "Grand Architecte" qui a réellement fait faire à son pays un bond de géant mesurait 1m 48.

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