vendredi 23 novembre 2018

10 superbes pochettes pour 10 albums mémorables


1. Dans la grande majorité des cas, les grands albums ont de belles pochettes. Je veux dire qu'elles sont suffisamment esthétiques, attirantes, tout en collant étroitement à la musique qu'elles "illustrent". Je connais pourtant quelques rares exceptions, particulièrement déprimantes pour moi qui aime les belles choses. Je pourrais citer ainsi l'horrible pochette du "Attack" de Magma (1978) avec probablement les plus beaux titres qu'ait jamais écrits Vander, ou le totalement à côté de la plaque "Hats" de The Blue Nile, un des rares disques mémorables pour moi des années 80 (même si comme celui de Magma, je l'ai découvert bien après cette époque) ou encore la très banale et insipide pochette d'Astral Weeks de Van Morrisson, qui est tout sauf banal et insipide. Celle de Kid A réunit au contraire tout ce que j'aime avec au pinceau un bon peintre Stanley Donwood, très inspiré par la musique, et ça n'était pas gagné vu le style musical de l'album. En voyant la pochette, on a déjà un aperçu grandiose de la splendeur glaciale et brûlante de ce disque apocalyptique qui clôt le vingtième siècle.


2. Une photo cette fois mais une très belle photo. Le cadrage, malgré les apparences, est particulièrement judicieux. Le lettrage, tout simple, est également réussi. The Walkmen fait partie de ces groupes, peu nombreux, qui n'ont jamais loupé un seul de leurs albums depuis le premier, déjà très abouti et personnel, Everyone Who Pretended To Like Me Is Gone (2002) jusqu'à leur dernier avant séparation, le bien nommé Heaven (2012). Néanmoins j'ai une petite préférence pour leur quatrième opus, ou cinquième si on compte leur album de reprises,  You And Me (2008). Peut-être justement à cause de la pochette. C'est un des rares albums, peut-être le seul d'ailleurs, que j'ai choisi pour sa pochette, à une époque où j'ignorais tout de ce groupe. Car hélas, il n'est pas difficile de passer à côté des Walkmen, tant leur reconnaissance populaire est sans rapport avec la qualité de leur musique. Et maintenant, c'est trop tard. Cet oubli est incompréhensible quand on le met en contraste avec le succès incroyable du précédent groupe dont la musique peut être qualifiée sans exagération de difficile (au moins pour l'album ci-dessus). La musique des Walkmen n'est pas difficile. Elle est chaude, très chaude même, vibrante, bien écrite et encore mieux jouée (quel guitariste! quel batteur! quel vocaliste!) avec un son original sans être trop déconcertant. Pourquoi sont-ils inconnus est un des mystères de l'industrie musicale.


3. Pour être honnête, ce n'est pas forcément ma pochette préférée des Jack The Ripper. Mais c'est leur  album le plus mémorable, d'assez loin je crois. Et c'est un très joli tableau, signé Machado, collant très bien à leur univers, très sombre, assez sexuel, mais esthétique et plein de l'entrain d'un cabaret du diable. C'est aussi le seul disque de musique française qui figure ici.

4. Il n'y a pas d'ordre de préférence dans ma liste. Cette pochette n'est probablement pas ma préférée des dix mais une fois encore elle fournit une bonne idée de la musique, ou disons de son esprit, et après tout c'est une jolie peinture réalisée par l'artiste lui-même, Don Van Vliet (véritable nom du Captain) à laquelle cette photo ne rend pas vraiment justice. Tout le monde ne connait pas Captain Beefheart. C'est très "arty". Mais avec des tripes. Son titre le plus connu, "Tropical Hot Dog Night" se trouve sur cet album et vous le connaissez peut-être sans le savoir. Certainement sur ce titre le chanteur le plus génial et le plus délirant et le plus effrayant à la fois. Shiny Beast est dans l'ensemble, avec quelques titres plus dispensables, un heureux mélange entre sa veine dadaïste, bruitiste et sa veine folk mélancolique, très américaine, comme la très belle ballade Harry Irene. Si mes souvenirs sont bons, c'est aussi son avant-dernier album; après il abandonnera la musique pour se consacrer à la peinture. Préférer un petit talent de peintre à un grand talent de musicien chanteur est un drôle de choix, difficilement compréhensible à mes yeux. Mais Captain Beefheart avait la réputation d'être un peu fou, pour de vrai, ce qui explique peut-être cela.



5. Ah, celui-là, qui ne le connaît pas ?! Le choix iconographique est vraiment excellent, rendant parfaitement l'impression de menace souterraine, de peur, de noirceur, de puissance dévastatrice qui se dégage de ce disque jointe au côté chromé, métallique et parfaitement huilé de l'instrumentation. Et pourtant, ce n'est qu'un pauvre petit insecte, absolument inoffensif (pour nous). Il fallait avoir l'idée et le talent du photographe.


6. Non, ce n'est pas mon scan qui est flou. J'adore cette pochette où on voit à peu près ce qu'on a envie de voir mais je ne suis pas sûre qu'elle plaira beaucoup. Les Besnard Lakes aiment le flou impressionniste. Moi aussi, dans une certaine mesure. En tout cas, elle correspond tout à fait à la musique évocatrice, envoûtante et mystérieuse de ce groupe. Il y a peut-être bien un ovni caché dans ce paysage si on cherche bien, mais ce qui est sûr est que ces musiciens adorent vous faire planer dans des espaces infinis. Et ils sont drôlement bons pour ça, tout spécialement dans cet album qui est en somme la quintessence de leur style. Pour moi, ce sont les Pink Floyd du XXIe siècle, avec un guitariste, Jace Lazek, qui n'a pas grand chose à envier au grand ancêtre David Gilmour. Pourquoi ils n'en ont pas le dixième de la reconnaissance publique est inexplicable. Peut-être parce qu'ils sont Canadiens. Ou parce que la chanteuse n'est pas sexy? Allez savoir.


7. Encore une superbe photo (oui je sais il y a toujours des filles sur ces photos mais c'est un pur hasard). Malgré le nom du groupe, qui pourrait signifier fille d'Allah, il n'y a ni fille ni bon musulman derrière cette pochette mais une bande d'Américains poilus qui jouent de la musique qu'on pourrait qualifier de folk rock avec surf et lunettes de soleil. C'est dire s'ils sont cools. Cools mais très bons. Et donc trop bons pour être aussi cools qu'ils le paraissent. Je suis sûre que la fille au long cou écoute leurs romances doucement mélancoliques dans son coquillage. Idéal pour les longs voyages en voiture.


8. Mon disque préféré des Doors avec L.A. Woman. Et de très loin leur meilleure pochette. La cause indirecte de cette réussite est le refus de Jim Morrisson de figurer sur la couverture. Le photographe a fait le reste, plus un zeste de chance apparemment. Si les streets performers - certains sont des acteurs - étaient prévus, je n'ai trouvé en revanche mention nulle part du rôle réservée à la femme en robe de chambre, somptueuse, qui ouvre au petit comique. Or, c'est sa présence qui crée le décalage, l'ouverture sur un autre monde, et donc une bonne partie du sel de cette photo. A noter que Morrisson apparaît finalement bien sur la pochette par l'entremise d'une affiche de concert, aussi bien sur le recto que sur le verso (astucieux de la part de la maison de disque).


9. Curieux destin que ce disque. Composé et réalisé (par Geoff Barrows de Portishead) presque 10 ans avant sa sortie en 2014, sortie décidée alors que le groupe s'était séparé. Pourquoi garder dans un tiroir de pareilles pépites ? Décidément l'industrie musicale est un mystère. Jim Skelly est un excellent chanteur auteur compositeur et il est particulièrement inspiré dans cet album. La musique atteint ici un degré d'aboutissement rarement atteint par le groupe.

10. Je ne suis pas fan des portraits d'artistes en guise de pochette. Mais celui-là est justifié. D'abord, c'est une très belle photo, la plus belle que je connaisse de Lhasa de Sela. Elle est tombée malade durant cet enregistrement et est décédée peu après la sortie de l'album, le premier de l'an 2010. Cela se ressent évidemment dans la musique. En bien. Certains titres au début paraissent vraiment austères, arides, mais le chant de Lhasa n'a jamais été plus émouvant. Et elle possède naturellement une des voix féminines les plus émouvantes que je connaisse. Le concours du très talentueux Patrick Watson apporte un plus indéniable à la musique. Cette fois, Lhasa a abandonné les fantaisies, les paroles en français ou en espagnol pour revenir à sa langue maternelle, l'anglais, ou plutôt l'américain.
Un détail insolite pour finir : Lhasa a écrit une chanson en 2003 qui s'intitule "Para el fin del mundo o el año nuevo", soit "Pour la fin du monde ou le nouvel an". Pour elle, la fin de ce monde a eu lieu effectivement le premier de l'an.

Sur Radiohead : ici.

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