jeudi 1 novembre 2018

Mes 10 couvertures de livres préférées

The Devil In A Forest de Gene Wolfe dans l'édition américaine d'Orb Books (1996)

   Cette couverture est pour moi la plus emblématique car c'est un des très rares livres que j'ai achetés principalement pour la beauté de leur couverture.
   Ce n'est jamais la seule raison mais dans ce cas, il est certain que je ne l'aurais pas acheté sans la couverture même si j'apprécie beaucoup l'auteur par ailleurs. Je n'aime pas beaucoup les romans historiques ni les romans de fantasy au décor moyenâgeux et ce roman semblait appartenir aux deux catégories si j'en croyais le texte de présentation (mais il ne faut jamais trop les croire). De plus, il était réputé convenir plus particulièrement aux jeunes lecteurs - réputation parfaitement usurpée - catégorie dont je me méfie encore plus.
   A mes yeux, cette couverture est réussie dans le sens où elle est belle, attirante et donne des informations non mensongères sur le contenu du livre (probablement davantage que le texte de présentation). Il s'agit plus d'un roman mystérieux et plutôt réaliste, se déroulant au Moyen-Age avec un jeune villageois vivant une sorte de parcours initiatique que le roman de fantaisie et de sorcellerie débridées que semblait annoncer l'argument de vente. La peinture est belle bien sûr mais elle est surtout en parfaite adéquation avec le roman, le lettrage est également bien choisi et bien disposé.
   Il faut aussi signaler que les belles couvertures dans les éditions anglo-saxonnes sont choses plutôt rare, ce qui donne encore plus de prix à ce livre. Comme on le verra, nous sommes en France et dans l'ensemble bien mieux loti de ce côté.

Les Mystères de Morley Court de Le Fanu aux éditions Phébus (2010)

   A voir mon choix, on pourrait croire que je ne lis que des romans fantastiques. Ce n'est pas le cas. Mais il est certain que le fantastique se prête merveilleusement aux belles couvertures, mystérieuses et évocatrices tout à la fois. Celle-ci est remarquablement évocatrice de l'atmosphère et du décor où se déroule la majorité des histoires fantastiques de Le Fanu. Mais justement, ce roman, pas plus que tous les romans que j'ai pu lire de cet auteur, n'est en fait fantastique. Si vous cherchez de bonnes histoires fantastiques, les meilleures peut-être qu'on ait écrites avec celles de Poe, Maupassant et quelques autres, il faut lire les nouvelles de Le Fanu, pas ses romans. Non qu'ils soient mauvais - ils peuvent être excellents - mais ils sont avant tout des romans à mystères, généralement dépourvus de tout événement qu'un Français tiendrait pour fantastique.


Le pays de la nuit de Hodgson aux éditions Terre de Brume (2015)
   Voici encore une très bonne couverture. Terre de Brume fait d'ailleurs en général des couvertures remarquables, très soignées, avec un très bon choix iconographique, un très beau lettrage. Le Pays de la nuit serait à mon sens le plus beau roman de science-fiction  si tout était à la hauteur de ses premiers chapitres. Je ne connais rien de plus authentiquement mystérieux, de plus radicalement dépaysant, que ces premiers chapitres du roman. Hodgson est un écrivain un peu maladroit, qui parfois même fleure bon l'amateurisme. Mais il a une imagination et une puissance d'évocation, à son sommet, presque sans équivalent. Pas étonnant que Lovecraft qui partage ces qualités et ces défauts l'ait pris pour modèle.

La chose dans les algues de Hodgson aux éditions terre de brume (2007)

   Je n'ai pas résisté à ajouter cet autre livre de Hodgson toujours chez le même éditeur. Superbe couverture à la disposition idéale. Il s'agit cette fois d'un recueil de nouvelles maritimes fantastiques, un croisement étrange entre Melville (Hodgson a été marin comme ce dernier) et Poe, ou plutôt Lovecraft, sauf qu'il a écrit bien avant. Certaines de ces nouvelles sont excellentes comme La voix dans la nuit.

Carmilla de Le Fanu aux éditions Babel (1997)

   Encore Le Fanu. Cet auteur, comme Hodgson, a de toute évidence inspiré les éditeurs et les créateurs de jaquette. En fait, la disposition de la couverture n'est pas si bonne que ça. En revanche, la peinture est superbe, créée pour dirait-on, avec juste la dose de mystère et d'érotisme qu'il faut (beaucoup de mystère, un peu d'érotisme). De tous les titres de Le Fanu, c'est le plus édité et de très loin bien que ce ne soit pas pas, à mon avis, un de ses meilleurs textes. On doit compter une centaine d'éditions différentes dans le monde anglo-saxon et au moins une dizaine en France, surtout si on compte les inclusions dans des anthologies. Et un point commun qu'ont à peu près toutes ces éditions est la hideur de leur couverture. Cette édition-ci, bizarrement, est actuellement introuvable si j'en crois Amazon.

Solaris de Lem aux éditions Faber & Faber (1970)

   Merveilleux roman. Scientifiquement, surtout quant à la partie physique, il ne tient pas la route mais poétiquement, il est immense. La couverture traduit assez bien la poésie quasi abstraite de la planète Solaris. Si vous voulez voir Solaris en film, choisissez la version de Tarkovsky : le film peut sembler long à démarrer mais il capte l'essence du roman et ajoute encore à sa poésie. Personne ne manie une caméra comme Tarkovski et ce qu'il arrive à faire avec est tout simplement incroyable. Le film américain avec Clooney est regardable mais anecdotique, passe complètement à côté de l'essentiel.

Le promontoire du songe de Hugo édité par La République Des Lettres (2013)

   C'est bien pratique quand l'auteur du texte est aussi dessinateur. Hugo était un bon dessinateur. Celui-ci est un de ses meilleurs. Et il colle évidement parfaitement à son titre. Le lettrage, très sobre, est bienvenu, bien disposé.

Traduction d'Une saison en enfer de Rimbaud chez Crescent Moon Publishing (2012)
   
   Là encore, je suis fortement influencé dans mon choix par la beauté de l'iconographie. et peut-être aussi par mon goût pour les couvertures au fond sombre. Le décentrage de la photo me laisse un peu perplexe et donne un drôle d'effet avec le lettrage du haut. Mais bon, cela reste une très belle couverture. Nettement meilleure que toutes les éditions française que j'ai pu voir de l'oeuvre de Rimbaud : soit on a droit à un portrait de l'auteur soit à un gribouillage de je ne sais qui.

William Blake and the age of aquarius chez Princeton University Press (2017)

   Je voulais absolument un livre de Blake dans cette sélection. Blake est le meilleur dessinateur des grands auteurs. Il a fait de merveilleux dessins. Malheureusement, je n'ai pu trouver une édition de ses livres poétiques ayant une belle couverture, ce qui est un comble. Celle-ci est belle mais  appartient à un livre davantage sur Blake que de Blake.







   J'ai terminé par celle-ci, qui, cela ne surprendra pas grand monde, est  une de mes préférées. Après tout, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. La peinture est plutôt  ici  un écho poétique au roman qu'une fidèle description. Mais il y a bien une déesse de l'amour dedans, et orientale; la cour représentée pourrait être celle du château du récit; alors pourquoi pas. Quant au sympathique petit animal qui fait l'objet de l'attention de la belle, il est tout à fait dans le ton de l'histoire. Allégoriquement parlant, on pourrait en effet dire qu'il s'agit d'une version contemporaine du conte du crapaud transformé en prince charmant par la magie de l'amour.

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