(Note de décembre 2020 : j'ai rajouté le sous-titre à cet article de mai 2019, sans en changer un mot pour le reste, après relecture et avoir constaté à quel point mes meilleures conjectures homocidaires se sont révélées proches de leur réalisation; réjouissons-nous donc : l'heure est venue!)
Certains
lecteurs m’ayant interpellé sur mon utilisation fréquente du concept de
l’Homocide, cette doctrine incroyablement généreuse pour atteindre le plus
grand bien qui soit, ou plutôt qui pourrait être, je vais tenter d’expliciter
ce terme un peu longuement, de façon à éliminer toute ambiguïté qui pourrait
subsister dans leur esprit. D’abord, l’Homocide se différencie absolument de
l’inepte homocide, de par son H majuscule qui veut dire tant de choses et du
simple et vulgaire homicide par la lettre o qui remplace si opportunément la
lettre i. Cette majuscule et ce o sont évidemment en rapport avec sa racine
latine, Homo, comme dans Homo Sapiens ou Homo Erectus. Le terme exact aurait
donc dû être homosapienicide, par exemple, mais l’auteur, inconnu, de ce néologisme
a dû estimer qu’Homocide était à la fois plus concis, plus maniable et tout
aussi clair. En effet, Homo Sapiens étant la seule espèce du genre Homo encore
existante, il est inutile de préciser le nom de l’espèce visée, le genre
suffit. Cide est le suffixe qui convient pour décrire l’opération qu’on se
propose de réaliser sur le susnommé Homo. Si vous savez ce qu’est un génocide,
vous savez ce qu’est un Homocide, ou pour mieux dire l’Homocide, puisqu’il ne
peut y en avoir qu’un seul, pour la raison indiquée plus haut. L’Homocide est
une forme poussée de décimation où au lieu d’éliminer un dixième de la
population visée, on ne garderait en vie que le dixième justement, mais le
meilleur dixième, et où la population visée serait le genre Homo dans sa totalité,
cette tumeur cancéreuse, ce parasite, ce — nous n’avons pas de mot assez dur
pour le qualifier. Ici, je me fie aux sources les plus autorisées qui estiment
que la population humaine idéale pour le bien-être de la planète, des milieux
naturels, des espèces animales et végétales, ainsi que des élus sauvés de la
catastrophe Homocidaire serait d’environ 100 millions d’unités. Mais certains
de ses partisans estiment que ce chiffre est encore excessif et qu’on pourrait
descendre à quelques centaines de milliers pour un bien-être général encore
plus grand. En dessous de ce nombre, tout le monde s’accorde pour dire que la
survie de l’espèce serait condamnée à moyen terme, quelques années, et que
l’Homocide serait donc complet mais pas forcément souhaitable pour ceux qui,
comme nous, espéraient figurer au nombre des élus. Bien qu’un Homocidarisme
radical soit, de loin, le cas le plus rare, il n’est pas sans compter des
représentants, y compris dans les cercles les plus éclairés de la société comme
le prouve l’éminent penseur Yves Paccalet avec son livre, L’Humanité
Disparaîtra, Bon Débarras. On ne peut que saluer la franchise, la rigueur
du raisonnement et la haute lucidité de monsieur Paccalet qui le conduisent à
tirer les conséquences les plus logiques de la doctrine mais cette position est
généralement considérée par nous autres modérés comme contreproductive et pour
tout dire un peu trop haute pour l’homme de la rue. Jusqu’ici, tout cela va de
soi.
Ce qui ne va pas de soi en revanche est que
l’Homocide est une notion très répandue dans le grand public, et reçoit, par
bonheur, un assentiment de plus en plus enthousiaste, quoique généralement sous
d’autres noms. On doit évidemment remercier en particulier l’Education
Nationale pour ce lent mais continuel éveil des masses. Mais les médias en
général et nos brillants politicien, dont la compétence en matière de science
et de rigueur intellectuelle n’est plus à démontrer, doivent aussi recevoir
leur part de louanges. Sans eux tous et leur immense talent dans la pédagogie
et la recherche difficile de la vérité, on a peine à croire qu’une doctrine
aussi difficile, aussi austère et même disons-le, si apparemment contraire aux
aspirations de base ait pu percoler à ce point à travers la société occidentale.
Les partisans de l’Homocide sont naturellement les
Homocidaires. Mais si quelques-uns sont des Homocidaires déclarés et fiers de
l’être (à juste titre), comme monsieur Paccalet, la grande majorité est loin
d’atteindre à ce degré de clairvoyance. Et comme je vais le montrer, c’est bien
dommage car ils en tireraient des gratifications morales encore plus grandes
que celles qu’ils éprouvent déjà.
Est-ce que l’Homocidaire se propose de réaliser un
gigantesque bain de sang pour le bien du monde pris dans sa globalité ?
Bien sûr que non et la question suffit à montrer que celui qui la pose n’est
pas un grand spécialiste de l’Homocide. N’oublions jamais que le but de
l’Homocide est le bien et non le mal. N’oublions surtout pas que l’Homocidaire,
l’individu de chair et d’os, se recrute dans les sphères de la société les plus
éclairées, les plus dévouées à leur prochain, les plus bienveillantes qui se
puissent trouver et non aux franges ou aux extrêmes les plus glauques qu’on ne
voudrait même pas nommer. Il est vrai, si on veut être vainement méticuleux,
que de rares Homocidaires ne semblent pas envisager la méthode forte pour
parvenir à ce plus grand bien qu’est l’harmonie générale avec suffisamment de
mépris. Je pense par exemple au fameux Pentti Linkola, penseur Homocidaire par
excellence, et à sa phrase non moins fameuse « S’il y avait un bouton sur
lequel appuyer et si ça voulait dire que des millions mourraient, je me
sacrifierais sans hésiter » c’est-à-dire qu’il se sacrifierait en appuyant
sur le bouton. Linkola est largement discrédité par la plupart des Homocidaires
actuels, pour son goût des méthodes martiales, un peu trop élitistes, trop
éloignées de la bonne nature de l’Homocidaire modéré mais il a au moins le mérite
d’attirer l’attention sur un des traits de caractère les plus saillants de
l’Homocidaire : son sens et son goût du sacrifice qui peut aller dans les
cas les plus admirables jusqu’au suicide pour l’exemple. Car on est obligé de
remarquer que les avocats de l’Homocide se trouvent exclusivement dans l’espèce
Homo Sapiens, ce qui témoigne d’un désintéressement et d’une générosité d’âme
extraordinaires envers les autres espèces. Alors on conviendra que des
personnes aussi admirables, aussi dévouées à la cause du bien méritent de
peupler ce futur paradis en tant que ses légitimes élus.
En vérité, la très grande majorité des amis de
monsieur Linkola préfèrent envisager des solutions peut-être un peu plus
aléatoires mais à coup sûr moins problématiques pour amener ce paradis sur
Terre dont ils, je veux dire dont nous rêvons tous. Dans l’ensemble, ils
préfèrent laisser le soin des moyens employés à la déesse Terre, parfois
appelée Gaïa par les croyants. Et ses moyens sont tellement nombreux qu’il
semble impossible que l’un ou l’autre ne survienne pas très bientôt. Pensez
seulement à ces catastrophes climatiques imminentes, ou à dire vrai déjà en
cours. La banquise n’a-t-elle pas déjà fondu ? Les îles Maldive ne
sont-elles pas déjà sous l’eau ? Les pauvres enfants d’Angleterre
savent-ils seulement encore ce qu’est la neige ? Les famines n’ont-elles
pas déjà, depuis quarante ans au moins, comme nous l’assure ce grand
homocidaire, Paul Ehrlich, fait disparaître 100 à 200 millions de personnes par
an ? Ces possibilités de réduction drastique du genre Homo sont si
nombreuses et variées en vérité que si je devais en faire la liste en ne
prenant que les gros titres quotidiens des médias depuis dix ans, je n’aurais
pas fini cet article avant d’être atteint par la montée des eaux. Et si le
climat ne suffit pas – chose presque impossible mais imaginons quand
même – on n’a que l’embarras du choix : astéroïde, éruption
solaire, stérilité universelle, pollution, catastrophe nucléaire, guerre. Bien
sûr, le problème est un peu plus complexe que ça : il ne suffit pas en
effet que neuf de nos congénères sur dix disparaissent, il faut aussi préserver
la nature et ses autres habitants, les meilleurs d’entre tous. C’est pourquoi
la guerre, toute tentante qu’elle soit, l’astéroïde destructeur, la menace
nucléaire et même les catastrophes climatiques ne peuvent constituer que des
seconds choix, des solutions de repli. Un vrai bon choix, qui s’exprime
d’ailleurs de plus en plus fréquemment, est la pandémie. Celle-ci est très
propre et a la particularité de ne toucher que l’espèce visée, en l’occurrence
nous-mêmes, et de laisser tout le reste de la création intact. Il y a eu de
très heureux présages de ce qu’on pouvait réaliser par ce moyen (on étant la
nature bien sûr) en 1918 avec la grippe espagnole et on a eu les plus grands
espoirs de nouveau lorsque la grippe H1N1 a entrebâillé la porte vers des
futurs radieux mais elle s’est révélée, hélas, très décevante. Enfin, ce n’est
que partie remise. La stérilité universelle, non pas forcée, mais liée à une
forme de dégénérescence mystérieuse, d’ailleurs sans nul doute provoquée
involontairement par les activités humaines, serait également une solution tout
à fait convenable et même hautement morale mais plus risquée car qui sait si le
diable n’inventerait pas quelque moyen de se cloner en grande série, ce qui
serait pire que tous les cauchemars des Homocidaires réunis, avouons-le. Le
point important à retenir est que la destruction ou disons la disparition des
neuf dixièmes de l’humanité n’est en rien décidée ou pire, opérée par la main
de ce dixième restant, qui restera propre, ce qui lui sera bien utile,
psychologiquement parlant, quand il se délectera de voir les fleurs pousser à
nouveau, les ours bruns et blancs s’ébattre en liberté et les petits oiseaux
gazouiller tout à leur aise dans le paradis retrouvé. Ce n’est qu’une question
de chance me direz-vous. Eh bien cela arrive. Imaginez qu’au lieu du bon
croyant type, Dame Nature sélectionne, par hasard bien sûr, pour ce nouvel âge
d’or de méchants conducteurs de 4X4, d’impénitents pollueurs en tout genre, des
mangeurs de viande, ou abomination d’entre les abominations, des foreurs de
puits de pétrole : quel cauchemar ! C’est évidemment tout à fait
exclu par la vraie doctrine de l’Homocide.
Bien, les motivations et les agents de l’Homocide
étant maintenant identifiés, passons aux conséquences. Elles sont moins
évidentes, peut-être, que les causes. Il est grandement possible que le monde
après réduction de ses habitants les plus encombrants soit en effet nettement
plus accueillant pour un certain nombre d’espèces, mais pas la totalité, loin
de là. Toutes les espèces dites domestiques, plantes comme bêtes, ainsi que nos
commensaux habituels (et ils sont nombreux), risquent fort d’en pâtir. Mais peu
importe, soyons positif, disons qu’ils s’adapteront. La question est plutôt de
savoir ce qui adviendra des survivants de notre espèce, nous autres, les
miraculeux élus du nouveau jardin d’Eden.
Prenons pour cela l’hypothèse secrètement caressée
mais en vérité la seule qui a un sens que seuls les vrais et fidèles croyants
et leurs proches seront sauvés lors de ce déluge allégorique ou pas. Et voyons
maintenant comment ils pourront s’organiser dans ce nouveau système de choses.
Je pourrais montrer, mais cela nécessiterait
d’écrire un livre entier, que le type de société humaine qu’on peut attendre
après l’heureux événement évoqué plus haut est assez étroitement dépendant du
nombre d’individus qui la composent. Mettons que les survivants soient quelques
centaines de milliers éparpillés sur les cinq continents pour ne pas faire de
jaloux. C’était le cas il y a plus de 100 000 ans (mais peut-être pas sur les
cinq continents) lorsque l’homme moderne n’était même pas encore apparu (quelle
belle époque !). Mais comme il ne s’agit que d’estimations, forcément,
admettons que les hommes de Cro-Magnon d’il y a quarante mille ans n’étaient
pas plus nombreux. Ils vivaient de chasse, de pêche et de cueillette. Ils
habitaient dans des cavernes ou parfois des huttes. Ils portaient des peaux de
bêtes. Ils avaient pour arme des pieux en bois, durcies au feu, des massues et
des sagaies à pointe d’os ou de pierre. Ils devaient lutter contre les bêtes
sauvages, fort méchantes à notre égard à cette époque, les humeurs de la météo
ou du climat (qui existaient déjà, très froides à cette époque), les humeurs de
la Terre (qui existaient aussi), la famine, la malnutrition, les maladies et
les clans adverses. S’ils y ont réussi, pourquoi nous ne réussirions pas,
pensez-vous peut-être, vous les heureux élus, d’autant que vous auriez tous les
avantages de la technologie ?
Justement, qu’en sera-t-il de la technologie une
fois que la population sera tombée à des niveaux dignes de l’époque des
mammouths ? Quand nous serons mille dans les plus grandes villes, si on
peut encore parler de villes, et en supposant que les pertes soient équilibrées
en proportion dans toutes les strates démographiques de la société, sinon dans
tous les secteurs d’activité (puisque j’ai déjà dit que les homocidaires se
recrutent essentiellement dans des catégories bien particulières,
supérieurement éduquées pour tout dire, de la population). Qui
travaillera dans les mines afin d’en extraire le fer, les métaux et les terres
rares nécessaires pour la haute technologie ? Qui raffinera le gaz, le
pétrole, le charbon ou les métaux pour construire les centrales
d’énergies, les batteries ou n’importe quel système produisant de
l’énergie ? Qui construira ou entretiendra ces dernières ? Combien de
temps les centrales nucléaires continueront de fonctionner sans personnel
(puisque une des catégories où on est à peu près sûr de ne pas trouver de bons
croyants est le nucléaire) pour les faire tourner ou les empêcher de se
transformer – qui sait – en bombes radioactives ? Qui entretiendra et
construira les lignes électriques ? Qui entretiendra et construira les
routes, ports et aérodromes ? Combien de temps les automobiles, les avions
et les bateaux à moteur continueront à utiliser ces routes, qui de fait, ne
seront bientôt plus que des pistes difficilement carrossables, sans pièces de
rechange neuves, sans constructeurs pour en fabriquer de nouvelles ?
Combien de temps les télécommunications et Internet continueront de fonctionner
sans entretien du réseau, sans envoi de nouveaux satellites, sans batteries de
rechange ? Sans télécommunications et échanges commerciaux rapides, ce qui
sera très rapidement le cas, une décennie dans le meilleur des cas, comment la
connaissance et les ressources diverses pourront être partagées ou échangées à
travers la planète, comment les matières premières extraites ici seront
transportées ailleurs pour être travaillées et envoyées ensuite dans les
différentes régions ? Qui fabriquera les médicaments, les vaccins et les
biens de première nécessité ? Combien de temps fonctionneront les hôpitaux
sur leurs génératrices de secours ? Vous pensez que l’agriculture et
l’élevage sont choses faciles ? Essayez donc et voyons combien d’entre
vous prospéreront par ce moyen, surtout quand il n’y aura plus ni vétérinaires,
ni médicaments (tous les rares médecins et médicaments restant étant réservés à
nous et nos proches), ni insecticides ni fongicides ni désherbants (puisqu’il
est presque impensable de trouver un chimiste, gente honnie entre toutes, parmi
les Homocidaires). Comment survivra-t-on au retour des maladies contagieuses, à
l’ergot du blé, à la cochenille et autres milliers de ravageurs qui
n’attendaient que cela sans les secours, désormais rares, de médecins à court
de médicaments ? Comment les enfants en particulier survivront dans
l’hypothèse où la stérilité n’ait pas été retenue par Dame Nature pour se
débarrasser de son encombrant occupant ?
Dans ce cas, l’humanité restante passerait presque
immédiatement, une décennie ou deux, de la civilisation la plus technologique
qu’on ait eu à l’Homme des cavernes.
On pourrait monter le nombre des élus à quelque
cent millions d’individus sans que le raisonnement et le résultat ne diffèrent,
sauf pour le temps un peu plus long que demanderait l’extinction finale des
ultimes survivants. En effet, selon la loi que j’ai énoncée plus haut, il
faudrait probablement passer par la case Moyen-Age et son type de structures
féodales avant son implosion rapide puis faire redéfiler l’histoire humaine en
un parcours éclair, tout comme le moribond revoit sa vie avant le
dernier souffle, jusqu’à l’homme des cavernes et sa disparition complète. Dans
tous les cas, on enclenche une régression de l’Histoire en marche rapide et qui
en allant vers sa fin (qui était son début) ne cesse d’accélérer.
Dans tous les cas, les populations résiduelles
verront leurs effectifs décliner rapidement. Au bout d’une seule génération, en
étant large, on peut estimer qu’il ne restera que de minuscules villages ou
camps coupés du reste du monde, entièrement livrés à eux-mêmes. Peut-être
restera-t-il un générateur d’électricité, un moteur en état de tourner ;
ce n’est même pas sûr. Rassurez-vous donc, ce ne sera certainement pas Mad Max.
Et plus elles reculeront, plus les conditions de vie qui seront les leurs se
durciront et plus elles régresseront dans un cycle vertueux jusqu’à atteindre le
stade du cueilleur/chasseur. Vous objecterez que c’est peut-être le rêve de
certains Homocidaires. Absolument. Mais ce sera un rêve de très courte
durée. La période de cueilleur/chasseur de l’homme de Cro-Magnon a duré
plusieurs dizaines de milliers d’années ; je ne donne pas dix ans avant
que la plupart des homocidaires encore existant à ce stade de la régression
historique soient laminés en très grande majorité par ce mode de vie. C’est une
question de compétences, de qualités mentales et physiques. L’Homme de
Cro-magnon a eu le temps d’acquérir les compétences pour survivre dans le monde
très rude qui était le sien ; il s’est endurci et a appris quantité de
choses pratique, non pas utiles, mais absolument nécessaires à sa survie ;
le nouvel homme de Cro-Magnon n’aura ni le temps ni les capacités d’atteindre
ses compétences. Sa foi en lui, en son destin, est bien trop fragile, sa santé
trop faible, sa fertilité trop faible, sa chute trop vertigineuse.
En effet, monsieur Paccalet disait donc vrai,
peut-être sans le vouloir : l’humanité disparaîtra et il
n’y aura pas de rescapés : c’est juste une question de décennies. Et nous,
homocidaires modérés, ajoutons : bien fait pour lui !
On pourra remarquer que pour les populations
issues du tiers-monde, qui ne se trouvent pas uniquement dans le tiers-monde,
cela ne changera pas grand-chose et qu’elles seront en effet les mieux à même
de perdurer dans de telles circonstances. Heureusement, ces populations toutes
tournées vers les supposés bienfaits de la science, de la technologie, du
confort matériel et de la sécurité qu’elles apportent et dont elles ne
bénéficient qu’à la marge ne devraient pour ainsi dire pas compter d’Heureux
Elus parmi elles selon l’hypothèse que nous avons retenue. Car c’est un fait
que la doctrine de l’Homocide a vu le jour, ne s’est développée et n’a trouvé
de vrais croyants que dans les sociétés dites occidentales, bien qu’on puisse
peut-être y adjoindre les pays du Soleil levant et du Matin calme qui ne sont
pas très occidentaux mais très développés, eux aussi.
C’est ici que j’en viens à la description de
l’Homocidaire type, ce par quoi j’aurais pu peut-être commencer mais comme a
dit quelqu’un, il faut souvent beaucoup de temps pour arriver là par où
il aurait fallu commencer. Comme indiqué plus haut, l’Homocidaire type est
occidental. Tous les théoriciens précurseurs de la doctrine, ses penseurs les
plus fameux, sont occidentaux, européens pour la plupart, avec une
surreprésentation des pays du Nord, si on compte les Allemands parmi ceux-ci.
Les pays anglo-saxons et plus spécialement les Etats-Unis sont aussi de riches
terres d’accueil pour l’Homocide qu’ils nomment bien sûr autrement, selon leur
tournure d’esprit difficilement pénétrable pour nous autres Français. L’idée
que l’Homocide est lié d’une façon ou d’une autre à la culture
judéo-chrétiennne et plus particulièrement protestante, possiblement puritaine,
peut alors s’insinuer subrepticement dans l’esprit de certains lecteurs mal
avertis. Ne serait-ce pas une manière de reformuler l’ancienne antienne du
péché originel issue de Paul de Tarse et son expiation nécessaire ? Et
sinon pourquoi tous ces vocables à consonance religieuse dont j’ai truffé cet
article ? Eh bien, lecteurs bien peu perspicaces, détrompez-vous, il ne
s’agit là que d’une étonnante coïncidence, une de ces convergences quasi
miraculeuses et donc banales dont fourmille l’histoire de l’évolution. Notre Sainte
doctrine de l’Homocide n’a rien à voir, absolument rien, avec la religion ou la
superstition puisque c’est un fait avéré maintenant que la religion n’est que
l’autre nom de la superstition d’une humanité apeurée devant l’étendue de ses
méfaits. Pourquoi ?
Eh
bien parce que.
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